Le grand public ne voit pas encore l'ordinateur quantique se profiler à l'horizon. La colossale industrie des microprocesseurs peut pourtant déjà parier sur de nouvelles solutions et technologies pour continuer à faire vivre la loi de Moore.
Celle-ci énonce que, tous les deux ans environ, le nombre de transistors placés sur chaque puce double. La physique a pourtant ses limites et, s'ils se préparent à commercialiser des circuits gravés en 3 nanomètres, les fabricants de puces comme Intel, AMD, Samsung ou Qualcomm vont bientôt se confronter au phénomène théorisé sous le terme de «mur» –ce moment de l'histoire où, du fait même de la technique, tout progrès en la matière deviendra impossible.
«Hello, World»
Des spécialistes essaient de passer outre cet obstacle. À l'avenir, les microprocesseurs pourraient être gravés non dans du silicium mais façonnés à partir de nanotubes de carbone. Une équipe de scientifiques du MIT a publié un article dans Nature pour en présenter une version 16-bits composée de 14.000 de ces transistors de taille moléculaire, la plus complexe jamais fabriquée.
L'équipe responsable de cette prouesse, qui reçoit une partie de son financement du Darpa, a réussi à surmonter diverses barrières techniques contre lesquelles ont achoppé d'autres recherches.
La technique présentée est moins coûteuse. Elle est compatible avec les chaînes de production actuelles, ce dont se réjouissent sans doute Intel et ses concurrents, qui n'auraient pas à investir massivement s'ils choisissaient de tourner le dos au silicium pour utiliser ce nouveau matériau.
La puce n'est puissante qu'à faire tourner un logiciel capable de produire le message: «Hello, World». Il n'empêche, une révolution se dessine pour l'intégralité des appareils qui nous entourent, notamment parce que cette technologie semble désormais plus facile à produire: les transistors en nanotubes de carbone sont présentés comme beaucoup plus rapides que ceux faits de silicium et, surtout, ils dix fois moins gourmands en énergie.