Bien que sa distribution sous la surface ou sa quantité soient encore un peu floues, il a été confirmé dans les années 1990 et 2000 par diverses missions que la Lune est porteuse d'eau, sous forme de glace.
Courante sur Terre malgré les tensions qu'elle suscite pour son appropriation, cette substance a priori anodine mais extrêmement précieuse pourrait devenir l'un des principaux moteurs du développement de l'économie spatiale, que les succès de SpaceX notamment ont mis sur de bons rails.
Boisson, cultures hydroponiques, production d'oxygène: comme l'explique Quartz, cette eau pourrait servir à des êtres humains qui prennent leurs quartiers dans une base lunaire. Pouvoir exploiter l'eau directement sur notre satellite permettrait de faire baisser drastiquement les coûts de fonctionnement de telles stations, car les fusées n'auraient pas à arracher son poids à la gravité terrestre.
Mais, sous forme d'hydrogène ou d'oxygène liquide, l'eau peut surtout constituer l'un des ingrédients principaux du carburant des engins spatiaux. Intervient ici encore la notion de gravité: il serait beaucoup moins dispendieux de ravitailler une station orbitale habitée, des satellites ou tout autre projet spatial depuis la Lune que depuis la Terre.
Public-privé
C'est la raison pour laquelle le minage de la glace lunaire prend une telle importance économique dans l'avenir des activités humaines extraterrestres. Cela explique également pourquoi la NASA souhaite envoyer le rover Viper pour explorer les pôles de la Lune et leurs précieuses ressources aquatiques, avant la mission Artemis, qui prévoit de renvoyer des êtres humains sur la Lune –au mieux– en 2024.
On comprend également mieux pourquoi l'administration Trump tire déjà des plans sur la comète et contourne l'actuel droit de l'espace pour, déjà, organiser les exploitations lunaires.
Mais pour qu'un tel marché existe, encore faut-il le lancer. À cet égard, le tweet posté le 8 juin 2020 par Jim Bridenstine, administrateur de la NASA, est de tout intérêt. Il explique en substance que le succès de l'envoi d'astronautes vers l'ISS par SpaceX ainsi que son économe capsule Dragon Crew tiennent à l'impulsion qu'a donnée son agence en se tournant vers le privé, qui a pris à sa charge les recherches et l'innovation.
The cost-saving success of @Commercial_Crew is based on @NASA establishing high-level requirements and letting private companies innovate. For the Artemis Moon base, NASA will establish a cost per ton delivered and once again let private companies innovate. pic.twitter.com/KFhlI9KzHU
— Jim Bridenstine (@JimBridenstine) June 8, 2020
Si nous sommes encore loin de cette ère, une méthode similaire est imaginée pour l'eau lunaire. La NASA en sera à l'origine. En devenant la cliente de la sphère privée, l'agence spatiale déclenchera les hostilités entre des acteurs privés qui, mis en concurrence, permettront au marché de (littéralement) décoller. «Pour la base Artemis, la NASA établira un coût par tonne livrée, et une fois encore laissera les entreprises privées innover», écrit-il.