Voyager dans les étoiles. C’est littéralement l’objectif d’un voyage interstellaire, désiré par la Nasa qui, plus que jamais, se penche à nouveau sur le sujet.
À ce jour, seuls deux engins, Voyager 1 et Voyager 2, sont sortis de l'héliosphère, cette bulle protectrice qui entoure toutes les planètes du système solaire, pour se plonger dans le milieu interstellaire. Mais leur lancement remonte à 1977. Il est temps de s'y remettre, selon un groupe de scientifiques affiliés a la NASA qui veut profiter des avancées technologiques pour propulser une nouvelle sonde plus loin et plus rapidement que tout autre vaisseau spatial le précédant, et retourner ainsi à la conquête des étoiles.
«Le problème a toujours été la propulsion, précise Pontus Brandt, physicien au laboratoire de physique appliquée Johns Hopkins qui travaille à l'étude des sondes interstellaires. Mais avec le nouveau lanceur spatial Space Launch System, prévu pour 2021, le problème est résolu. Nous souhaitons que cette sonde soit prête d'ici 2030.»
L’idée, qui a été développée l'année dernière et améliorée depuis, est de lancer cette sonde interstellaire, pesant moins de 800 kilos, depuis l'un de ces lanceurs SLS. Une fois dans le système solaire, la sonde utilisera une assistance gravitationnelle, c'est-à-dire l’attraction d’un corps céleste pour modifier ses déplacements, afin de lui permettre d’atteindre une vitesse supérieure à 1.160.900 de kilomètres à l’heure. L’équipe du laboratoire étudie actuellement deux types d’assistance gravitationnelle: l’une autour de Jupiter, l’autre autour du soleil.
Cette sonde devrait tenir 50 ans et parcourir une distance de 92 milliards de kilomètres, soit environ 1.000 fois la distance de la Terre au soleil. Pour comparaison, avec Voyager 1 et 2 il a fallu près de quarante ans pour parcourir 13 milliards de kilomètres, quand cette nouvelle sonde pourrait y arriver en moins de 15 ans.
Ces deux engins n’ont pas non plus été équipés des nombreux instruments dont la physique aurait besoin pour mieux comprendre l'espace interstellaire, ce à quoi la nouvelle sonde devrait remédier.
Sortir de notre bulle
Mais finalement, à quoi ça sert, demanderez-vous? Une telle excursion permettrait notamment de mieux comprendre la nature de l'héliosphère, par exemple en échantillonnant le mystérieux anneau de poussière qui s’étend dans cette zone et qui contiendrait des indices sur la formation de notre système solaire.
«Nous sommes dans une bulle et nous essayons de déterminer sa forme, ce qui est extrêmement difficile, résume Brandt. La particularité d'une sonde interstellaire est que nous pouvons sortir et prendre une photo de notre petite bulle depuis l'espace.»