Un astéroïde massif, fonçant droit vers une Terre paniquée par une apocalypse en devenir: le scénario est pour l'instant réservé aux paléontologues scrutant les vieilles bestioles et les causes de leur disparition, ou aux scénaristes hollywoodiens cherchant à inventer un destin funeste à l'humanité.
Rassurons-nous: rien de tel n'est prévu à court ou moyen terme par les astronomes. Cela ne signifie néanmoins pas que la chose soit tout à fait impossible –les dinosaures pourraient en témoigner s'ils avaient survécu et étaient dotés de la parole.
Ainsi, comme le rappelle la NASA, la détection de corps célestes massifs pouvant présenter un danger de collision pour la Terre, qu'elle nomme «near earth objects» (NEO), n'a rien de simple, et l'agence spatiale américaine estime que les deux tiers d'entre eux sont encore inconnus des astronomes.
En juillet 2020, la comète Neowise passait ainsi à 103 millions de kilomètres de notre planète. Ça fait une trotte, certes, mais l'objet n'a été découvert que quatre mois seulement avant cette visite inopinée. Était ainsi une fois encore souligné l'impréparation de l'humanité face à la très mauvaise surprise d'un tel bolide découvert tardivement et visant plus directement la Terre.
Bye bye, Europe!
Sans doute parce qu'ils et elles s'ennuyaient un peu en pleine pandémie de Covid-19, les scientifiques composant le Planetary Defense Coordination Office de la NASA, appuyés par ceux de l'ESA, ont donc planché fin avril sur ce qu'il serait possible d'appeler «une simulation de Deep Impact».
Dans cet exercice, un astéroïde massif de taille moyenne mais initialement inconnue était tardivement découvert et pouvait, six mois plus tard, heurter la Terre.
À charge des scientifiques d'affiner leurs connaissances sur l'objet, ses propriétés physiques et sa trajectoire, de plus en plus menaçante les jours passant, et de coordonner la réponse technologique de l'humanité (envoi d'un vaisseau, usage d'explosions nucléaires, etc.) face à cette menace existentielle.
Le résultat n'a rien de rassurant, du moins en l'état actuel des choses. Dans cette réalité heureusement parallèle, rien n'a suffi pour dévier ou détruire le missile cosmique, nommé 2021PDC, qui a fini par tomber sur l'Europe de l'Est avec la puissance d'une bombe nucléaire. La seule issue a été d'évacuer la zone –immense– dans son ensemble.
«Si nous étions confrontés dans la vie réelle à un scénario équivalent à celui de 2021PDC, nos capacités actuelles ne nous permettraient pas d'envoyer un vaisseau spatial», ont expliqué les expert·es, qui notent néamoins que l'usage de projectiles nucléaires contre l'intrus céleste pourrait contribuer à réduire sa dangerosité.
L'objectif affiché de cette simulation est, explique Lindley Johnson, en charge de la question à la NASA, «d'aider la communauté de la défense planétaire à mieux communique entre elle et avec nos gouvernements pour nous assurer d'une pleine coordination dans le cas où un impact potentiel venait à être identifié dans le futur». Effectivement: en la matière, mieux vaut prévenir que mourir.