Si le dernier épisode de votre sitcom préférée ou le film qui attend depuis des mois dans votre liste se lançait à l'ouverture de Netflix, feriez-vous l'effort de changer de programme? Pour lutter contre la fatigue décisionelle, Netflix parie que non.
Tout le monde a désormais entendu la blague selon laquelle sur la plateforme, nous passons 50% de notre temps à choisir un programme, et 50% à le regarder. Pour Netflix, ce sujet n'est désormais plus une blague mais un véritable sujet d'inquiétude.
Aujourd'hui, après cinq minutes de scroll indécis, les internautes risquent plutôt d'aller scruter le catalogue de Disney + ou OCS, au risque d'y rester. Car avec la multiplication des plateformes, le multi-abonnements est devenu commun: en 2019, l'Américain moyen était abonné à 3,4 plateformes.
Sans compter que Netflix et les autres ne se concurrencent pas qu'entre eux, mais avec tous les autres moyens d'occuper sa soirée dont Twitch, YouTube ou les jeux vidéo.
Comment lutter contre cet phénomène tout en continuant d'alimenter le catalogue avec toujours plus de choix? L'algorithme qui analyse les goûts des spectateurs afin de recommander des programme à regarder n'est plus la solution.
Retour aux sources
Pour y remédier, l'entreprise va prendre exemple sur le média qu'elle a ringardisé: la télévision. Netflix va généraliser l'option «Play something», une fonctionnalité qui permet en un clic de lancer un programme au hasard, choisi par son algorithme.
Déjà accessible pour quelques utilisateurs-tests depuis l'été dernier, l'option sera d'abord disponible sur les apps télé, puis pour les utilisateurs mobiles Android.
Netflix parie sur le fait que la fatigue décisionnelle ne vient pas d'un nombre insuffisant d'options faisant vraiment envie, mais du trop-plein de choix de qualité.
Une fois le film ou la série lancée, il est possible de passer au programme suivant ou de revenir en arrière. C'est finalement la même chose que de zapper de chaîne en chaîne. «On prend la meilleur chose à propos de la télévision linéaire, le divertissement immédiat, mais on le fait mieux puisque c'est personnalisé», explique Cameron Johnson, directeur de l'innovation produit de la firme.
L'idée n'est pas nouvelle. Netflix réfléchissait à une option de ce type il y a dix ans, lorsqu'elle est passée du business de la location de DVD à celui de la VOD. L'entreprise envisageait alors de lancer un programme au hasard dès l'ouverture de l'appli, comme si on allumait la télé.
Le projet a finalement été rejeté, mais n'a jamais quitté la tête des ingénieurs de l'entreprise. Ils espèrent désormais que l'amélioration de l'algorithme au fil des années pourra faire fonctioner ce mode aléatoire.