L'année 2022 a sans doute marqué un tournant dans l'histoire militaire. Pour la première fois, un missile hypersonique a en effet été utilisé dans le cadre d'un conflit. Il s'agit du Kinjal, lancé par la Russie à l'aide d'un avion de combat Mig-31 et destiné à atteindre une cible ukrainienne. Ce jour-là, le 18 mars 2022, il a été propulsé à Mach 5, mais il pourrait même atteindre Mach 10, explique Popular Mechanics.
Sa très grande vitesse de déploiement n'est pas son seul atout: le missile Kinjal est aussi extrêmement agile. Cela n'a évidemment rien d'un détail: jusqu'ici, les projectiles les plus rapides (capables de frôler Mach 20) ne pouvaient se déplacer que sur des trajectoires préétablies. Le futur de la guerre, ce sont des missiles hypersoniques pouvant ajuster leur course en cours de route et se jouer des systèmes antimissiles déployés par le camp ennemi. Ceux-là sont tout bonnement impossibles à stopper.
La Russie est déjà en train de tester le successeur du Kinjal, qui reste pour le moment son fer de lance. Ce nouveau missile, doté d'un système de propulsion aérobie, dépasserait d'ores et déjà Mach 9 et serait aussi difficile à repérer qu'à contrer. Mais ce n'est pas tout: au total, Moscou perfectionne actuellement trois armes hypersoniques, tout comme Pékin d'ailleurs. Un peu à la traîne, les États-Unis développent huit projets en parallèle, mais n'ont pas encore produit de missile hypersonique pleinement fonctionnel.
Un podium russe
Cela étant dit, Popular Mechanics s'est livré à un classement des treize missiles les plus dangereux de la planète –ce qui donne surtout l'occasion de constater à quel point la Chine et la Russie caracolent en tête dans ce secteur si primordial qu'est le monde des armes hypersoniques.
En tête, donc, on trouve le Kinjal, ou Kh-47M2 Kinjal sous son nom complet. La médaille d'argent est russe, elle aussi: elle est décernée au 3M22 Zircon, dont Popular Mechanics nous explique qu'il sera bientôt mis en fonction et qu'il se distingue notamment par le fait qu'il possède son propre système de propulsion intégré.
Le podium est en fait même intégralement russe, puisque c'est l'Objekt 4202 Avangard qui le complète. Son principal atout: son dispositif lui permettant de changer de direction, le rendant «invulnérable face aux systèmes de défense antimissile» —du moins d'après le Kremlin.
La Russie occupe également la treizième et dernière place de ce top, avec le 3M-54 Kalibr, bien plus lent que ses congénères (il ne dépasse pas Mach 0,8) mais que l'armée de Moscou a énormément utilisé en 2022 dans le cadre des frappes contre l'Ukraine, lançant au moins 183 missiles de ce type.
La Chine en embuscade
La Chine est également présente à quatre reprises dans ce classement, notamment aux places n°4, 5 et 6. Le Dongfeng-17 est le premier missile chinois cité. Déjà en service si l'on en croit Pékin, il est capable de dépasser Mach 5. Suivent le Xingkong-2, lancé en 2018 et aussi rapide (Mach 6, voire plus) qu'agile, et le WZ-8, autre projet hypersonique qui a été testé à partir de 2019. On ne dispose pas d'indicateurs précis concernant son profil et ses performances, mais il pourrait bien être capable d'atteindre Mach 7.
À la onzième place, on trouve une dernière chinoise: le JL-2 Giant Wave 2, missile sous-marin extrêmement performant. Les sous-marins chinois peuvent actuellement disposer de quatre missiles de ce type, mais à l'avenir ce nombre pourrait bien aller jusqu'à douze.
Les États-Unis et l'invité surprise
S'ils semblent en retrait, les États-Unis ne sont pas en reste, puisqu'ils occupent les places 7 à 10 de ce classement. Des places d'honneur destinées à montrer que le pays occupe la troisième place, mais que la Chine et la Russie ont de nombreuses longueurs d'avance. Parmi les missiles de l'US Army, le classement met en avant les capacités de l'AGM-183 ARRW, du Hawc et du LGM-30 Minuteman III, un missile balistique introduit dans les années 1970.
Cela n'aura pas échappé à la sagacité de notre lectorat le plus doué en arithmétique: quatre russes, quatre chinois, quatre américains, ça ne fait pas tout à fait un top 13. Et pour cause: à la douzième place se trouve le Hwasong-15, missile développé par la Corée du Nord si le besoin d'attaquer les États-Unis se faisait sentir.
Hypersonique, il serait capable d'atteindre Mach 11, et de toucher une cible presque n'importe où sur notre globe. Une treizième roue du carrosse avec laquelle il faudra compter à l'avenir.