La politique de Twitter, qu'elle concerne le harcèlement en ligne ou l'extrémisme politique et religieux, est très critiquée, et à juste titre. Mais le remède qui se profile pourrait être pire que le mal. Paul Singer, l'un des méga-donateurs du Parti républicain –qu'il a soutenu à hauteur de 24 millions de dollars lors de l'élection de 2016– vient d'acheter une part importante du réseau social via son fonds activiste Elliott Management Fund.
Le nouvel actionnaire a ainsi pu nommer quatre membres au conseil d'administration de l'entreprise. Seuls trois sièges sont disponibles cette année, mais Paul Singer veut s'assurer que ces trois sièges, ou tout autre siège se libérant, lui reviendront. Selon Bloomberg, l'objectif est d'évincer l'actuel PDG.
Jack Dorsey est l'un des rares patrons à diriger simultanément deux grandes entreprises, Twitter et Square. Il a récemment annoncé son intention de travailler six mois par an en Afrique. Des décisions qui commencent à exaspérer les actionnaires. Depuis son retour en juillet 2015, l'action Twitter a perdu 6,2% alors que celle de Facebook a pris 121%. Son chiffre d'affaires est toutefois en hausse.
Des motivations politiques
Paul Singer s'est rendu à la Maison-Blanche en février 2017. Donald Trump a alors déclaré que l'homme «était autrefois très anti-Trump. [...] Paul nous accorde désormais son soutien total. [...] C'était un adversaire très puisant et maintenant c'est un allié très fort et je l'apprécie».
Depuis plusieurs années, Trump –pourtant un fervent utilisateur de Twitter– le Parti républicain et des personnalités conservatrices accusent la plateforme d'être hostile aux idées de droite. Elles lui reprochent notamment d'avoir suspendu de façon permanente les comptes de l'éditorialiste pro-Trump Milo Yiannopoulos (pour harcèlement) ou le conspirationniste d'extrême droite Alex Jones (pour «comportement injurieux»).
En octobre, la plateforme a par ailleurs annoncé qu'elle interdirait les publicités politiques concernant l'élection présidentielle américaine.
Certain·es élu·es républicain·es prônent même une modification de l'article 230 du Communications Decency Act pour obliger les réseaux sociaux à respecter leur conception de la neutralité politique. Une idée toutefois jugée dangereuse par... une coalition de groupes conservateurs. D'autres élu·es prônent le boycott.
L'arrivée du pro-Trump Paul Singer au capital de Twitter devrait donc, a minima, susciter la méfiance.