Le secrétaire à la Défense des États-Unis réclame 60 millions de dollars (près de 50 millions d'euros) afin de développer un micro-réacteur nucléaire transportable par l'armée. Cette somme figure dans la proposition de budget soumise au Congrès par le département de la Défense (DOD) pour l'année fiscale 2022.
Ce réacteur, pour l'instant surnommé «Project Pele», devrait pouvoir fournir une puissance d'un à cinq mégawatts pendant au moins trois ans. Pour comparaison, les centrales françaises, équipées de réacteurs classiques, ont des niveaux de puissance compris entre 900 et 1.450 mégawatts.
L'innovation principale d'un tel appareil est sa portabilité, et donc sa mobilité. L'armée prévoit de pouvoir le transporter par le train, la route, et même les airs. Le DOD souhaite que l'engin puisse être en mis route seulement trois jours après avoir été livré et s'éteindre en une semaine. L'armée aurait ainsi accès à une puissante source d'énergie, où qu'elle se trouve.
Futur de l'exploration spatiale
Si cela reste pour l'instant de la science-fiction, le Conseil national de l'espace de la Maison-Blanche estime que des micro-réacteurs nucléaires pourraient un jour être déployés dans l'espace afin de servir les ambitions à long terme des États-Unis dans l'exploration de la Lune et de Mars.
Une bonne partie de la mise sur pied du projet Pele repose sur le développement d'un combustible nucléaire «tristructural isotropic» ou TRISO. Composé d'un noyau entouré de plusieurs couches constituées de carbone et de céramique, il est supposément plus sûr que le reste des combustibles.
Le projet a débuté en 2019, lorsque le DOD a rassemblé des idées de prototypes de réacteur. En mars 2021, les entreprises X-Energy et BWXT ont été choisies afin de poursuivre leurs travaux sur le design de l'engin, pour une période de deux ans. Au bout de ces deux années, l'un des deux prototypes devrait être construit puis testé.
Au-delà de l'aspect technique, un réacteur nucléaire pouvant facilement être déplacé pose de nombreuses questions quant à sa sécurisation. Un accident ou une attaque ennemie pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l'environnement et les populations civiles... Sans parler de la possibilité qu'il tombe entre de mauvaises mains.