Lorsque l'on pense aux drones-taxis (ou eVTOL, «véhicule électrique à décollage et atterrissage vertical») qui survoleront bientôt nos villes, on imagine un mini-avion en forme de V, une sorte d'hélicoptère à rotors comme le Vahana d'Airbus ou même une mini-soucoupe volante à hélices.
Mais curieusement, personne n'a encore songé à s'inspirer de la première chose qui a volé sur terre: un oiseau. C'est chose faite avec la start-up africaine Phractyl, qui dévoile aujourd'hui un engin électrique volant doté de petites ailes et monté sur pattes recouvertes de chenilles, tel un aigle s'apprêtant à prendre son envol.
Le modèle dénommé Macrobat n'est pas à proprement parler un eVOLT, puisqu'il a besoin d'un peu d'espace pour s'élancer. «Les pattes, aux articulations très puissantes, permettent de soulever et d'incliner le corps de l'avion jusqu'à ce que la queue touche le sol et que les étais des ailes soient inclinés à 20° environ», décrit New Atlas.
L'avantage par rapport à un avion, c'est que le Macrobat peut quitter le sol même avec une faible vitesse de départ, souligne la start-up. De plus, ses puissantes chenilles et ses pattes lui permettent d'évoluer sur terrain accidenté, là où l'avion a besoin d'une piste relativement dégagée.
La start-up promet une autonomie de 150 kilomètres, une capacité de charge utile de 150 kilos, et une vitesse maximale de 180 km/h. Le Macrobot pourra être autonome ou piloté par un humain, même si pour l'instant c'est une version monoplace qui est présentée.
Il sera propulsé par un système 100% électrique –sans autre forme de précision–, la jeune pousse sud-africaine expliquant plancher sur des batteries et un aérodynamique renforcé.
Vaporware
Si le concept fait très joli sur le papier, il se heurte à des réalités très prosaïques, remarque New Atlas. Quid de l'atterrissage par exemple? Si les pattes peuvent amortir un peu le choc, il sera certainement plus brutal qu'avec un avion.
D'autre part, comme l'engin doit être orienté vers l'arrière, le pilote n'aura aucune visibilité de l'endroit où il atterrit (il faudra sans doute rajouter des caméras pour compenser).
De même, cette configuration sur pattes ne semble pas vraiment stable, l'engin pouvant facilement être déstabilisé par un poids inégalement réparti, un trou dans le sol ou le vent. Bref, tout cela fleure bon le concept séduisant mais qui ne verra jamais le jour.
L'idée de s'inspirer du monde vivant (biomimétisme) n'est cependant pas complètement idiote. Les chercheurs se sont par exemple inspirés de la pieuvre pour créer de la peau synthétique qui change de texture, des turboréacteurs créés sur le modèle du nautile, des robots-tortues ou robots-serpents, des adhésifs tirés des pattes de gecko ou des écrans anti-reflets inspirés des ailes d'un papillon transparent.
Mais s'échiner à tout prix à vouloir reproduire le vivant n'est pas forcément une bonne idée, comme on le voit avec les robots humanoïdes ou robots-chiens qui s'avèrent finalement assez incapables de faire autre chose que de nous épater avec des triples saltos arrière.