Fondé en 2011 par les Américains Joe Patitucci (bassiste de jazz) et Alex Tyson (documentariste et musicien), le Data Garden Quartet fait de la musique avec de bien étranges instruments.
En guise de synthé, un philodendron, à la basse un schefflera tandis que le sansevieria s'occupe de l'ambiance. Sur chacune des plantes, un capteur, sorte de mini-stéthoscope, traduit les signaux collectés en données sonores.
La symphonie ainsi obtenue s'écrit au gré de menus événements: un rayon de lumière, une petite brise ou la présence d'une certaine personne et le rythme change, la sonorité se modifie.
Osmose entre l'humain et le végétal
Après une tournée qui a fait salle comble, Joe Patitucci s'est associé à Jon Shapiro, un musicien expérimental pour la création du MIDI Sprout («pousse» en anglais), un appareil permettant à celles et ceux qui le souhaitent de reproduire l'expérience du Data Garden Quartet à domicile.
Disponible depuis 2016, le MIDI Sprout, qui peut se brancher directement sur un iPhone, a d'ores et déjà conquis nombre de musicien·nes amateur·trices.
Fier de ce succès, le quatuor présente aujourd'hui son nouvel appareil, PlantWave qui, à la différence de son aîné, ne nécessite aucun branchement pour fonctionner.
Posés directement sur les feuilles des plantes, les capteurs se connectent automatiquement à votre téléphone ou ordinateur via le Bluetooth. PlantWave est disponible en précommande, au prix de 220 dollars (200 euros environ).
Outre la production de musique, ce nouvel appareil invite à une véritable expérience métaphysique, ouvrant sur un monde invisible d'ondes et de lumières.
D'après John Shapiro, cet instrument «encourage les gens à prendre conscience de la lumière qu'ils émettent». Un phénomène qui nous rapproche de la matière végétale, «substance la plus sensible à la lumière sur cette planète».
Psychobotanique
Si la théorie semble pour l'heure relever d'une pseudoscience un brin ésotérique, l'idée que les plantes puissent posséder une forme d'intelligence n'est pas foncièrement aberrante. Certain·es botanistes ont étudié les manières inventives dont certaines espèces végétales partagent des nutriments ou se reconnaissent entre elles.
Le projet de Joe Patitucci et de John Shapiro s'inspire d'un courant d'expérimentations (plus ou moins loufoques) appelé la psychobotanique et qui, durant les années 1970, s'intéressa à l'intelligence végétale.
En 1973, le livre La Vie secrète des plantes de Peter Tompkins suggérait que nos chers ficus et autres rhododendrons étaient grands amateurs de musique classique. L'expérience est allée plus loin encore avec la sortie, l'année suivante, de Mother Earth's Plantasia, album de musique électronique devenu culte et voué à être joué à un public de végétaux.
En 1979 sortait également un film documentaire basé sur le livre de Tompkins qui en reprenait l'intitulé et avait pour bande-son le double album Journey Through the Secret Life of Plants d'un certain Stevie Wonder. Il ne manquait plus que la possibilité pour nos plantes mélomanes de s'adonner à la création: avec PlantWave, c'est chose faite.