Un Su-27 encore au sol, avant le début du conflit. | STR / AFP
Un Su-27 encore au sol, avant le début du conflit. | STR / AFP

Pourquoi les avions russes tombent comme des mouches en Ukraine

Une question de matériel, mais aussi de doctrine.

Les choses étaient claires: il ne suffirait que de quelques heures aux puissantes forces russes pour annihiler la maigrelette armée de l'air ukrainienne qui, au premier jour de l'invasion, était chargée de lui faire face.

Pourtant, près de trois semaines après le début du conflit, l'une des grandes surprises des premiers jours semble tenir bon. La Russie ne règne nullement en maîtresse sur les cieux ukrainiens comme beaucoup le subodoraient.

Pire: ses avions et hélicoptères continuent de tomber comme à Gravelotte, au point d'avoir permis au mythe du «Ghost of Kyiv», pilote de MiG-29 et as ukrainien veillant sur les cieux du pays, d'émerger pour soutenir le moral des troupes et population de la nation agressée.

Selon le ministère ukrainien des Armées, dont les estimations sont sans doute surestimées, ce sont ainsi 86 avions et 108 hélicoptères russes qui auraient été abattus depuis le début de l'invasion.

Plus conservateur mais ne se basant que sur des «kills» confirmés, le spécialiste de l'OSINT («open source intelligence») dénombre quant à lui 32 hélicoptères et 13 avions russes abattus par l'armée ukrainienne.

Le site Task & Purpose s'est penché sur la question: pourquoi les cieux ukrainiens se révèlent-ils si mortels pour les avions russes, et ceux qui les pilotent? L'explication tient à plusieurs éléments, à la fois matériels et, plus intéressant, inhérents à la doctrine militaire même des armées russes.

Comme l'explique le site, l'aviation russe, dans toute sa splendeur et sa force brute, malgré la modernisation d'une partie de ses appareils, malgré son image extérieure aussi, continue à être considérée par les stratèges qui les emploient comme une «extension de portée d'artillerie».

«La Russie n'a pas modifié ses tactiques d'attaques au sol et conduit beaucoup de ses attaques à basse altitude, ce qui place les avions russes dans l'enveloppe létale», écrit ainsi un rapport de l'Atlantic Council sur la question.

Ladite altitude de combat est d'autant plus létale que les forces ukrainiennes ont, depuis le début du conflit, été abreuvées de centaines, voire de milliers de missiles sol-air, des FIM-92 Stinger américains pour ne parler que des plus célèbres, et ont appris à les utiliser à merveille.

À l'ancienne (mort comprise)

Un autre aspect technique, du côté russe cette fois, vient s'ajouter à cette combinaison doctrine d'attaque au sol / force anti-aérienne ukrainienne: si les avions russes servent aussi à lancer, loin du front, les missiles balistiques qui ravagent tant les villes ukrainiennes, la plupart de leurs bombes sont «aveugles».

Des «dumb bombs» qui ne sont dotées que de systèmes de guidage rudimentaires, montées sur des aéronefs auxquels manquent souvent les «pods» destinés à mieux cibler les projectiles.

Les pilotes russes n'ont ainsi d'autre choix, pour larguer leur mortelle cargaison, que de voler à basse altitude et à basse vitesse, au plus près des véhicules, bâtiments ou troupes visées. Idéal donc pour se mettre à portée des missiles sol-air que les forces ukrainiennes, au sol, possèdent en masse et dont elles font un excellent usage.

Task & Purpose note enfin que ces doutes ne sont pas propres à l'armée de l'air russe: l'Ukraine aussi semble hésiter à utiliser aussi activement qu'elle ne le pourrait les quelques avions dont elle dispose encore, de peur qu'ils ne se fassent abattre par les efficaces défenses anti-aériennes de l'ennemi.

D'où peut-être son appel récurrent aux Occidentaux pour mettre en place une zone d'exclusion aérienne au-dessus du pays, demande à laquelle se sont récemment associés les Pays baltes, mais que l'OTAN et ses membres se refusent à accepter, de peur de devenir des belligérants directs du conflit et de provoquer une dangereuse escalade avec Moscou.

En attendant, les autorités aériennes essaient de capitaliser sur les peurs des pilotes russes: le pays leur a publiquement proposé de se rendre, avec leur aéronef, pour recevoir la somme d'un million de dollars, la somme étant moitié moindre dans le cas d'un hélicoptère.

En ce moment

Le mois des fiertés LGBT+, ou quand les entreprises chassent le «pink dollar»

Biz

Le mois des fiertés LGBT+, ou quand les entreprises chassent le «pink dollar»

Pour mériter cet argent, un seul mot: cohérence.

Comment le Groupe Wagner cherche à recruter sur les réseaux sociaux

Et Cætera

Comment le Groupe Wagner cherche à recruter sur les réseaux sociaux

En français, en espagnol, ou encore en vietnamien, la milice veut ratisser large.

SafetyWing, la start-up dans laquelle tout le monde gagne le même salaire

Biz

SafetyWing, la start-up dans laquelle tout le monde gagne le même salaire

Qui que vous soyez, où que vous viviez.