Alors que les États-Unis ont longtemps été les champions du train, le réseau ferré américain ne compte aujourd'hui plus que 150.000 kilomètres, dont une portion seulement est utilisée pour le transport de passagers –parfois dans un état alarmant. «Seuls 32 millions de voyageurs sont montés à bord des trains d'Amtrak, l'équivalent local de la SNCF en 2019», souligne L'Usine nouvelle.
Dans le cadre de son virage écolo, le nouveau président a présenté début avril un vaste plan de 2.300 milliards de dollars destiné à améliorer les infrastructures aux États-Unis, dont 80 milliards (66,2 milliards d'euros) doivent être consacrés au chemin de fer.
Le plan «Amtrak Connects US» prévoit notamment la construction de 30 nouvelles lignes, la desserte de 160 nouvelles communautés, ou l'ouverture de gares à Phoenix, Las Vegas ou Nashville. L'objectif annoncé est d'augmenter de 62% le nombre de passagers d'ici à 2035.
Il y a tout de même un grand absent: le train à grande vitesse. «Pas une seule fois ce terme ne figure dans la présentation d'Amtrak», relève Business Insider. Alors que la France est couverte par 2.600 kilomètres de lignes à grande vitesse, il n'existe qu'une seule ligne de ce type aux États-Unis reliant Washington et Denver, et encore le train n'y roule qu'à 240 km/h sur une seule petite portion de 54,6 km.
Le développement du train à grande vitesse a été historiquement entravé par de nombreux obstacles, explique Vox: la nature multi-étatique des projets, l'opposition systématiques des gouverneurs républicains, le manque de ressources, la concurrence de l'aérien ou encore une pénurie d'expertise.
62% du plan englouti pour les infrastructures
«Il n'existe pas de mobilisation en faveur du train à grande vitesse comme les groupes d'activisme contre la violence policière ou les manifestations contre les oléoducs», note le site. De puissants groupes d'intérêt se sont au contraire ligués contre le train, comme les frères Koch qui ont versé des millions de dollars pour faire avorter les projets.
Hélas, ce n'est pas demain la veille que les États-Unis auront leur TGV. Il existe un tel arriéré de réparations à effectuer sur ses lignes existantes que les 80 milliards devraient être engloutis bien avant d'avoir construit le moindre kilomètre de ligne à grande vitesse.
Selon Jim Mathews, le président de l'association américaine des usagers des trains, il faudrait ainsi environ 50 milliards de dollars juste pour remettre en état la ligne existant, soit 62% du plan d'investissements.
De plus, racheter les propriétés le long des futurs tracés afin de construire les lignes coûterait une fortune. «Amtrak n'est probablement pas disposé à se lancer dans une bataille politique. De leur point de vue, ils disent: “Hé, nous voulons juste faire circuler plus de trains et qu'ils soient à l'heure”», conclut Jim Mathews.
Une tendance que l'on observe même en France où la SNCF a décidé d'abandonner sa politique de tout-TGV pour mettre la priorité sur le réseau du quotidien.