C'est le feuilleton hystérique du moment d'une planète qui n'aime rien tant que se faire peur. Depuis une dizaine de jours et à la suite de la première apparition dans les cieux nord-américains d'un ballon chinois a priori espion, les États-Unis et le Canada subissent une angoissante petite vague d'apparitions.
Si le premier de ces objets volants n'est plus réellement à identifier, notamment grâce à l'intervention avant leur destruction par un F-22 de U-2 lancés pour les scruter sous les moindres détails, le flou règne encore largement pour ceux qui sont venus ensuite.
Audio from FRANK01 (Langley AFB F-22) calling, “SPASH ONE”confirming to “HUNTRESS” (Eastern Air Defense Sector “EADS”) that the #ChineseSpyBallon is completely destroyed off the coast of South Carolina today 😎
— Thenewarea51 (@thenewarea51) February 5, 2023
*Big thanks to 📷Brett728 for sharing pics and 🕵️♀️ for the audio! pic.twitter.com/8tfZeyeNAy
Pour ceux qui s'y perdent, le New York Times a fait un petit résumé des événements. De la taille approximative d'une petite voiture, en forme de «tic-tac» comme d'autres phénomènes précédemment observés, le second objet abattu l'a été «par excès de prudence» à proximité de l'Alaska, le vendredi 10 février, et a semble-t-il provoqué des anomalies sur les capteurs pourtant de pointe du F-22 lancé à sa rencontre.
Le lendemain, Justin Trudeau, Premier ministre canadien, ordonnait en partenariat avec les forces aériennes américaines la destruction d'un autre de ces ovnis (désormais officiellement nommés «unidentified aerial phenomena» par les autorités américaines) au-dessus du Yukon, cette fois.
I ordered the take down of an unidentified object that violated Canadian airspace. @NORADCommand shot down the object over the Yukon. Canadian and U.S. aircraft were scrambled, and a U.S. F-22 successfully fired at the object.
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) February 11, 2023
Enfin, c'est au-dessus du Lac Huron, dans le Michigan, que des F-16 américains abattaient le 12 février un quatrième de ces «phénomènes aériens non identifiés». Là encore, et comme vous pouvez l'entendre dans la vidéo ci-dessous, le bidule a été décrit comme de la taille approximative d'un petit véhicule, de la forme d'un octogone, plutôt lent, doté de câble mais sans charge visible.
Selon le Pentagone, c’était un octogone. https://t.co/wqiiUZqW1x
— Thomas Burgel (@ThomasBurgel) February 12, 2023
OK mais kezako?
Tout ceci est bel et bien, mais de quoi s'agit-il? Mis à part pour le ballon chinois, dont la mission de reconnaissance et de renseignement ne fait plus aucun doute selon les autorités américaines, nous serions bien en peine de vous le dire.
Et nous ne sommes pas les seuls: interrogé sur l'éventuelle provenance extraterrestre de ces curieux engins, un général américain expliquait le 13 février qu'aucune piste ne pouvait à ce moment être écartée. Un peu plus prosaïque, la Maison-Blanche déclarait un peu plus tard que rien n'indiquait que les engins abattus avaient été envoyés par des petits hommes verts (ou gris).
On peut en revanche vous dire pourquoi, soudainement et en pleine période de très grandes tensions internationales, tant d'objets volants non identifiés se mettent à apparaître sur les écrans radars des opérateurs nord-américains.
Assez simplement et comme l'explique Business Insider à la suite des autorités américaines, c'est parce que le Norad (North American Aerospace Defense Command) et le Northcom, chargés d'organiser la surveillance des cieux américains et les mesures à prendre en cas d'intrusion, regardent les choses avec une précision largement accrue depuis l'incident du premier ballon chinois.
La réaction de Joe Biden et de son administration a été jugée lente et tardive par les édiles du Grand Old Party mais aussi par certains élus démocrates. Pourtant, le même genre de mésaventure est arrivée sous l'ère Trump, sans même que celui-ci ne soit mis au courant: le Pentagone a reconnu que les radars et instruments utilisés par le Norad notamment avaient été principalement conçus pour des aéronefs classiques et des missiles, mais par pour des aérostats plus petits ou plus lents.
À la suite de l'apparition puis de la destruction du premier ballon chinois, et pour éviter que d'autres intrus ne puissent ainsi passer les mailles du filet, celles-ci ont tout simplement été resserrées: les filtres appliqués aux données reçues par lesdits radars sont moins laxistes, et un plus grand nombre d'objets sont détectés.
«Nous avons surveillé de près notre espace aérien à ces altitudes, ce qui a signifié amplifier notre couverture radar, ce qui peut expliquer en partie l'augmentation du nombre d'objets détectés pendant le week-end», a ainsi avancé Melissa Dalton, chargée pour le secrétariat américain à la Défense des menaces aériennes.
«Nous savons qu'un certain nombre d'entités, des États, des entreprises privées, des organismes de recherche se servent de ballons à des hautes altitudes, sans aucune visée négative», a-t-elle ajouté. Bref, mieux on cherche, plus on trouve –pas forcément de mystérieuses rencontres du troisième type, mais des choses portées depuis longtemps à la connaissance du monde entier.