Comédie, horreur, romance, super-héros… depuis sa première série originale Lilyhammer en 2012, il y a peu de genres que Netflix n'a pas exploré. Pourtant, aussi diverses soient les thématiques, la majorité de ces productions ont une patte commune.
Image sombre mais couleurs saturées, effets numériques laissant à désirer ici et là… les films et séries Netflix ont une patine visuelle qui les rend faciles à reconnaître. Motherboard a tenté de comprendre ce qui faisait le style Netflix.
Selon J.D. Connor, un professeur de cinéma et d'étude des médias à l'université de Californie, il y a d'abord une raison purement technique: Netflix impose aux réalisateurs et réalisatrices de ses productions originales un type de caméra bien précis à utiliser pour leurs tournages.
Cahier des charges technique
«La liste initiale […] ne comportait réellement que deux caméras. [...] L'insistance [de Netflix] là-dessus est l'une des choses qui a contribué à l'émergence d'une certaine uniformisation», explique Connor.
Aujourd'hui cette liste de caméras s'est bien allongée, mais elle s'accompagne de toute une liste de «bonnes pratiques» recommandées ou obligatoires, allant de la gestion de la couleur au format d'image.
À ce cahier des charges, Netflix ajoute aussi des exigences en matière de format vidéo. La plateforme propose plusieurs abonnements dont le prix dépend de la qualité d'image. Le plus cher (17 euros 99 en France) permet d'obtenir une image 4K HDR. La plateforme souhaite donc qu'un maximum de titres de son catalogue soient disponibles dans ce format.
Mais si vous n'avez pas la 4K, Netflix «réduit au maximum la quantité de données afin d'assurer une expérience de streaming plus fluide», détaille Connor. Si bien que sur une petite télévision, les bords deviennent trop nets et altèrent le rendu visuel final.
Contraintes budgétaires
Troisième problème: le financement d'un film destiné au streaming. Pour les superstars, le vrai bénéfice financier d'un film ne vient pas de leur salaire mais des contrats d'intéressement qui leur permettent de toucher un pourcentage sur la vente de tickets et de DVD. Or, avec le streaming, pas de sortie en salle, ni de DVD.
D'après J.D. Connor, les stars réclament donc des salaires beaucoup plus importants, qui pèsent sur le budget du reste de la production. C'est en partie ce qui explique pourquoi les effets spéciaux de Red Notice ou The Gray Man, malgré leurs budgets faramineux, ne sont pas au niveau de ceux des blockbusters classiques.
Le problème est que cette recette Netflix convient mieux à certains qu'à d'autres. Des productions sans trop de fioritures comme Sex Education ou Marriage Story s'y prêtent bien, les séries pleines d'effets spéciaux beaucoup moins.