Le Japonais Hideaki Horie n'est pas un inconnu pour l'industrie des batteries, désormais géante et qui joue un rôle primordial dans la marche du monde électrique. Alors qu'il travaillait chez Nissan dans les années 1990, Hideaki Horie a poussé pour que l'entreprise, associée à Sony, se lance dans la recherche et la production de batteries utilisant la technologie lithium-ion, devenue depuis la norme la plus appliquée dans le secteur.
Quelques années plus tard, avec le soutien de Carlos Ghosn et après le mariage de Nissan et de Renault, il a participé au lancement de la Nissan Leaf, qui deviendra l'une des voitures électriques les plus vendues au monde.
Hideaki Horie connaît donc la technologie lithium-ion sur le bout des doigts. Il est aussi familiarisé avec ses limites. Malgré une chute drastique de leur coût de production due à la massification de leur fabrication, elles restent chères et complexes à produire, nécessitant des usines dont les normes se rapprochent de celles des semi-conducteurs. Le lithium-ion n'est pas non plus sans risque, notamment en cas de choc ou de défaut de fabrication –Samsung en a notoirement fait les frais, pour ne citer qu'elle.
Horie propose une nouvelle méthode, dont il souhaite équiper entièrement une usine de production de masse dès cette année. Avec ses «All-Polymers Batteries» (APB), au revoir électrodes métaliques et électrolytes liquides: ils sont remplacés par des feuilles d'une structure 100% résine, qu'il est possible d'empiler afin d'augmenter la capacité de l'appareil.
«Aussi facile que beurrer une tartine», vulgarise le Japonais, qui précise que l'objectif est de rendre la production de ses APB aussi simple que celle de l'acier. Grâce à ce qu'il nomme un «design bipolaire», les APB devraient également, explique leur inventeur, échapper aux problèmes de surtension, de surchauffe voire d'explosion que peuvent poser leur omniprésent équivalent li-ion.
Promesses et imites
Menahem Anderman, un spécialiste interrogé par Bloomberg, note que les polymères étant naturellement moins conducteurs que les matériaux utilisés dans une batterie li-ion, la capacité des APB pourrait être bien moindre. Leur installation et leur mise en série pourrait en outre rendre complexe la gestion de chaque unité.
«Au-delà du li-ion, il y aura un meilleur li-ion», explique-t-il, doutant de la capacité de cette nouvelle méthode à rivaliser avec une technologie dans laquelle le monde entier investit massivement. Hideaki Horie est conscient de ces limites.
Et, s'il annoncera bientôt un premier gros client japonais, il explique que sa firme s'attaquera d'abord au marché des unités de stockage statiques, utilisées dans les bureaux, usines ou centrales électriques. Celui-ci devrait représenter 100 milliards de dollars [88 milliards d'euros] en 2025: de quoi alimenter de prochaines recherches et, peut-être un jour, provoquer l'avènement des APB dans nos objets et véhicules du quotidien.