Même Steve Jobs a parfois manqué de flair. | Peter Herrmann via Unsplash
Même Steve Jobs a parfois manqué de flair. | Peter Herrmann via Unsplash

Les prédictions les plus foireuses de l'histoire de la tech

Si on avait écouté ces spécialistes, nous circulerions aujourd'hui à cheval et nous communiquerions par fax.

Dans la dernière édition de sa newsletter SatPost, le journaliste Trung Phan revient sur les piteuses prédictions qu'il avait effectuées il y a un an en vue de l'année 2022 (le bitcoin à 100.000 dollars, la non-privatisation de Twitter... et la victoire du Canada dans la Coupe du monde de football), et en profite pour rappeler que d'autres, en leur temps, ont fait bien pire que lui.

Pour ce spécialiste du business et de la tech, c'est l'occasion d'épingler quelques Nostradamus de pacotille, qui ont livré en leur temps des prédictions absolument foireuses sur le monde de la tech.

À cette liste pour le moins croustillante, on ajouterait bien une poignée d'exemples français, comme cette phrase légendaire prononcée en 2001 par Pascal Nègre, alors patron d'Universal Music: «Internet? On s'en fout, ça ne marchera jamais.»

Pour commencer, remontons en 1903, avec cette remarque très avisée faite par le président de la Caisse d'épargne du Michigan à Horace Rackham, l'avocat d'un certain Henry Ford: «L'automobile est une mode; les chevaux sont là pour rester.» Bien vu! Effectivement, nos rues continuent à être remplies de carioles tirées par des équidés, tandis qu'on y croise rarement plus d'une ou deux voitures par mois.

Le financier en question avait réalisé cette prédiction en se basant sur le fait qu'il voyait de moins en moins de cyclistes traverser l'un des boulevards qu'il avait l'habitude de fréquenter.

Il en a déduit que la voiture connaîtrait de même un succès seulement temporaire, et a donc refusé d'investir dans l'entreprise Ford Motor Co. Cinq ans plus tard, la Ford T débarquait et rencontrait un succès retentissant. Le soufflé n'était pas près de retomber.

Pas plus d'ordinateurs que de voitures

Au milieu des années 1970, un autre homme sûr de lui affirmait qu'un marché ne décollerait jamais: celui de l'ordinateur. Ken Olsen, fondateur de l'entreprise Digital Equipment Corporation, travaillait pourtant sur la fabrication de micro-ordinateurs, mais il était formel.

«Il n'y a aucune raison pour laquelle un individu pourrait vouloir un ordinateur à son domicile», déclarait-il. Une phrase prononcée alors que l'un de ses collaborateurs était venu lui proposer de développer la conception d'ordinateurs individuels.

Mort en 2011, Olsen a sans doute eu le temps de s'en mordre les doigts. Mais de là où il est, qu'il se rassure: même les grands noms se distinguent parfois par leur absence de flair.

C'est ainsi qu'en 1992, le PDG d'Intel Andy Grove avançait que le concept de glisser un téléphone mobile dans sa poche n'était qu'«une chimère dirigée par l'appât du gain». Ce qui explique peut-être pourquoi, comme l'écrit Trung Phan, Intel a complètement loupé le tournant du mobile.

Pascal Nègre peut lui aussi être rassuré: il n'est pas le seul à avoir affirmé sur un ton péremptoire qu'internet ne marcherait jamais. Même l'inventeur d'Ethernet, Robert Metcalfe, déclarait en 1995 que le net serait «une supernova spectaculaire qui s'effondrera[it] en 1996». Et en 1998, soit dix ans avant de remporter le prix Nobel d'économie, Paul Krugman confirmait les dires de Metcalfe dans un article de la reveue Red Hering.

«La croissance d'internet va radicalement ralentir, en vertu de la “loi de Metcalfe”: la plupart des gens n'ont rien à se dire!, écrivait Krugman. D'ici à 2005, il deviendra clair qu'internet n'aura pas eu plus d'impact sur l'économie que l'invention du fax.»

Le plus savoureux? Cet extrait provient d'un article intitulé «Pourquoi la plupart des prévisions des économistes sont fausses». Depuis, Krugman a reconnu son erreur en essayant tout de même de fournir un éclairage: selon lui, il s'agissait avant tout d'une tentative de provocation. Faisons semblant de le croire.

Spotify selon Steve Jobs

Même Steve Jobs, pourtant considéré comme un visionnaire parmi les visionnaires, est épinglé par Trung Phan. En 2003, il tentait en effet de nous prévenir qu'il ne servait à rien d'inventer Deezer ou Spotify car ces services étaient voués à l'échec.

«Le système d'abonnement à un service de musique, c'est la banqueroute assurée. Même si vous incluiez le retour de Jésus dans un tel système, ça n'aurait aucun succès», affirmait-il alors à Rolling Stone.

Juste retour des choses pour Jobs: les créations Apple ont, elles aussi, été traitées avec mépris par plusieurs spécialistes. C'est ainsi qu'en 2007, Steve Ballmer, boss de Microsoft, expliquait à USA Today que le lancement de l'iPhone serait un échec.

«Il n'y a aucune chance que l'iPhone prenne une part significative dans ce marché. C'est un objet à 500 dollars», clamait-il avec dédain. Avant d'ajouter qu'Apple ne dépasserait jamais les «2 ou 3%», mais que les téléphones Microsoft occuperaient quant à eux «60 ou 70 ou 80%» du marché.

Terminant sur l'exemple du cloud, dont plusieurs experts ont également affirmé qu'une telle idée ne prendrait jamais, Trung Phan rappelle que les grands décisionnaires sont forcément plus exposés aux grandes erreurs de jugement, et que pour une prédiction ratée, certains avaient par ailleurs réussi de nombreux paris sur l'avenir qui avaient permis à leurs entreprises de se distinguer, et à la société de connaître d'incroyables progrès technologiques.

D'où le fait qu'une telle liste doit surtout être considérée avec philosophie et humour, y compris par ceux qui en font partie.

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