Le 30 juillet, les patrons d'Amazon, Apple, Facebook, et Google étaient mis sur le gril lors d'une audition devant le Congrès américain. «Ils ont trop de pouvoir», accusait d'emblée le président du sous-comité sur la concurrence, David Cicilline.
«Si le Congrès ne force pas les Big Tech à être équitables, ce qu'il aurait dû faire il y a des années, je le ferai moi-même avec des décrets», avait menacé Donald Trump dans un tweet le 29 juillet.
Quelques jours plus tard, le même Donald Trump risque pourtant d'accroître encore la puissance d'un autre géant du numérique, Microsoft, en forçant ByteDance, le propriétaire chinois de TikTok, à lui céder l'application de vidéos.
Le 3 août, le président américain a soumis ByteDance à un ultimatum, le sommant de vendre ses activités américaines avant le 15 septembre sous peine de se voir banni du territoire national. Il s'est même permis de suggérer à Microsoft d'acheter l'intégralité de l'entreprise.
Le géant du logiciel (qui, comme par hasard, ne faisait pas partie des entreprises passées sous le feu des critiques du Congrès), en négociations avancées depuis plusieurs semaines pour le rachat de TikTok, pourrait donc s'avérer le grand gagnant de la guerre techno-géopolitique entre la Chine et les États-Unis.
Ogres affamés
Évaluée à 30 milliards de dollars [25 milliards d'euros], l'application TikTok n'est pas encore rentable, mais elle compte près de 800 millions d'utilisateurs et utlisatrices actives dans le monde, dont 40% de jeunes entre 16 et 24 ans.
Son acquisition ferait bien les affaires de Microsoft, qui trouverait un nouvel accès au grand public et gagnerait un peu de lustre cool. Déjà engagée dans une intense stratégie de diversification, la firme de Redmond a déjà fait pas mal d'emplettes ces dernières années, avec le rachat de Minecraft en 2014, de LinkedIn en 2016 et de GitHub en 2018.
Microsoft ne serait pas la seule gagnant des menaces de Trump. Nombre de fans de TikTok envisagent en effet de se tourner vers d'autres réseaux sociaux en cas d'interdiction, comme Instagram (appartenant à Facebook) ou YouTube (propriété de Google).
Emma Tovey, une influenceuse de TikTok comptant 120.000 abonnés, a ainsi posté le 1er août une vidéo avec des liens vers sa chaîne YouTube et son compte Instagram, «juste pour que vous sachiez qu'ils existent», a-t-elle prudemment expliqué à ses fans.
Certes, le rachat de TikTok par Microsoft ajouterait peut-être un peu de concurrence avec les autres GAFA. Mais difficile de nier que l'entreprise –qui a autrefois été visée par les mêmes accusations– est elle-même un géant de la tech, avec une capitalisation boursière de 1.611 milliards de dollars (deux fois celle de Facebook) et un bénéfice net de 44 milliards (quatre fois celui d'Amazon).