En 2002, des chercheurs de l'université d'État de New York à Stony Brook sont parvenus à synthétiser le virus de la polio. Six années plus tard, un génome bactérien beaucoup plus grand a été fabriqué en laboratoire, deux ans avant qu'une cellule entièrement artificielle ne soit produite.
Pour recréer le virus de la grippe espagnole en 2005, une équipe de recherche américaine a identifié ses séquences génétiques dans les poumons de victimes conservées dans le permafrost et les ont insérées dans des plasmides avec lesquels elle a contaminé des cellules de rein humain, qui ont alors produit du virus.
En 2017, des scientifiques canadiens ont reproduit artificiellement le HSPV, un virus de la même famille que la variole responsable de la vaccine («horsepox» en anglais), une maladie touchant les équidés. Pour ce faire, ils ont utilisé une base de données publique et n'ont dépensé que 100.000 dollars [environ 83.500 euros].
On peut aussi mentionner l'iGEM, un concours international de biologie de synthèse s'adressant aux jeunes, qui attire un public chaque année plus nombreux et dont les résultats sont toujours impressionnants.
Par ailleurs, il est désormais possible non seulement de récréer un virus existant, mais aussi de le modifier génétiquement pour lui conférer de nouvelles propriétés (plus contagieux, plus résistant, plus létal...)
Menace croissante
«Aujourd'hui, la sophistication des projets de recherche des lycéens et des étudiants de premier cycle correspond à celle de nombreux personnels hautement qualifiés qui travaillaient dans des laboratoires de pointe il y a moins de dix ans», analyse CTC Sentinel.
Selon la revue du Combating Terrorism Center de l'académie militaire de West Point, synthétiser une arme biologique serait de plus en plus aisé pour un groupe terroriste: les progrès technologiques simplifient les manipulations et de nombreuses informations sont librement accessibles en ligne.
Les scientifiques redoutent également le développement d'armes bactériologiques dites «binaires»: deux microbes génétiquement modifiés, séparément inoffensifs, mais qui se combinent pour générer une infection mortelle.
Le chaos engendré par la pandémie de Covid-19 pourrait encourager les groupes terroristes –notamment ceux d'extrême droite, qui s'intéressent de près au bioterrorisme– à mettre au point de telles armes.
Selon les auteurs de CTC Sentinel, les gouvernements devraient intensifier leurs efforts de surveillance, de détection et de réponse d'urgence face à cette menace croissante.