Comment s'assurer de ne pas passer à côté d'une vie extraterrestre? Et si les astronomes n'utilisaient pas les meilleurs outils de détection? Ce sont les questions posées par Fast Company, qui s'interroge sur les moyens à déployer afin d'optimiser nos chances de localiser d'autres formes d'intelligence.
Deux astronomes de l'université d'État de Pennsylvanie, Macy Huston et Jason Wright, se penchent sur le sujet. L'essentiel de leur job consiste à rechercher d'autres formes de vie en tentant de repérer des signaux venant d'autres planètes, en particulier ceux qui seraient émis grâce à une technologie qui y serait développée. Un peu comme si des aliens finissaient par découvrir qu'il existe des êtres doués d'intelligence sur Terre en parvenant à détecter de la lumière ou des signaux téléphoniques.
La recherche d'une intelligence extraterrestre a connu son vrai démarrage en 1959, quand deux astronomes ont montré que les transmissions radio émises depuis la Terre pouvaient être détectées par des radiotélescopes placés à des distances interstellaires. Depuis, les spécialistes continuent à rechercher des émissions radio, ainsi que des signaux laser. L'idée étant avant tout d'essayer de capter des messages qui auraient été volontairement envoyés depuis certaines planètes vers notre système solaire.
Problème, cette vision est probablement un peu –voire très– réductrice. Et pour cause: elle suppose que les éventuelles civilisations extraterrestres aient envie de communiquer et qu'elles le fassent à l'aide d'une technologie avancée. Or, pour une partie de la communauté scientifique, il est probable que des espèces extraterrestres, à supposer qu'elles existent, évitent intentionnellement d'envoyer des signaux.
C'est ce que l'on nomme le paradoxe SETI, cet acronyme signifiant «search for extraterrestrial intelligence» («recherche d'une intelligence extraterrestre»): nous sommes probablement à la poursuite de signaux qui n'existent pas. En revanche, si la population d'une autre planète s'interroge actuellement sur notre existence, elle a des chances de finir par tomber sur nous, même si tout dépend de la distance à laquelle elle se trouve par rapport à la Terre –notre système d'ondes radio est en effet très détectable.
Pourquoi pas la pollution
Il faut dire que ces ondes sont utilisées par la science terrestre à de nombreuses fins, que ce soit pour communiquer avec des satellites ou des engins spatiaux dans le système solaire, ou pour étudier certains astéroïdes.
Mais d'autres éléments méritent qu'on s'intéresse à eux de façon plus poussée, comme la lumière: une théorie émise en 1960 part du principe que les étoiles constituent la source d'énergie la plus puissante de tout système planétaire, et en déduit qu'une civilisation suffisamment évoluée en matière de technologie pourrait être en train de collecter une portion significative de la lumière des étoiles afin de l'utiliser comme énergie –comme s'il s'agissait d'un gigantesque panneau solaire. Ces dispositifs, que les astronomes nomment des mégastructures, seraient assez facilement détectables –tout est relatif–, notamment grâce à la chaleur qu'ils émettraient.
Une autre théorie statue sur le fait que la population terrestre n'est pas la seule à produire de la pollution. Certains polluants chimiques comme le dioxyde d'azote ou les chlorofluorocarbures, uniquement produits par l'industrie humaine, sont détectables jusque dans les atmosphères des exoplanètes grâce à des méthodes similaires à celles employées pour faire tourner le fameux télescope James-Webb.
L'idée est donc de tenter de détecter aux abords d'une planète de la pollution ne pouvant être produite que par la technologie locale. Et d'en déduire qu'il y a probablement de la vie à cet endroit.
Quelle est la meilleure solution? Difficile à dire, affirment Macy Huston et Jason Wright, les deux astronomes à l'origine de l'article. Ce qui signifie qu'il faut n'en négliger absolument aucune tant que la stratégie optimale n'aura pas été définie avec certitude.