Des manchots dans les îles Shetland du Sud, en Antarctique, le 27 novembre 2019. | Johan Ordonez / AFP
Des manchots dans les îles Shetland du Sud, en Antarctique, le 27 novembre 2019. | Johan Ordonez / AFP

L'Antarctique va-t-il être relié à internet?

L'Australie compte faire d'un futur câble sous-marin vers le continent gelé un outil d'influence.

L'Antarctique a beau être le seul continent au monde vierge de toute habitation permanente, il accueille tout de même soixante-dix bases scientifiques et jusqu'à 5.000 personnes en période estivale. Alors pourquoi n'aurait-t-il pas lui aussi droit à une connexion internet potable?

Dans son dernier rapport, rédigé à la demande du Parlement, le Bureau de météorologie australien (BoM) préconise la construction d'un câble sous-marin entre l'Australie et l'Antarctique afin d'améliorer la connectivité à ses stations météorologiques, relate ZDNet.

La fibre optique desservirait notamment les stations de Davis, Casey, Mawson et Macquarie Island, situées à respectivement 4.838, 3.443, 5.475 et 1.542 kilomètres de Hobart, en Tasmanie, où se situe le Département australien de l'Antarctique. «Un câble sous-marin intercontinental à fibre optique offrirait une vitesse et une fiabilité sans précédent, et ferait de l'Australie un leader clé et un partenaire international dans l'Antarctique», argumente le BoM.

Actuellement, le continent austral utilise une connexion satellite de 9 mégabits par seconde (Mb/s) et de latence de 300 millisecondes (ms). Chaque station dispose également d'une liaison de données de sauvegarde de seulement 0,65 Mb/s avec une latence de 700 ms. Par comparaison, en France, la fibre optique offre un débit moyen de 400 Mb/s et une latence d'environ 12 ms.

Enjeu stratégique

Au-delà de l'Antarctique, l'Australie dispose d'une myriade d'îles et de territoires isolés, dont la plupart ne disposent que d'une liaison 3G satellitaire. En octobre 2020, le gouvernement de Nouvelle-Galles du Sud a signé un accord avec l'opérateur Telstra pour construire plus de 5.200 kilomètres de fibre haut débit afin de desservir les 2.000 écoles publiques de l'État.

Le projet est estimé à 328 millions de dollars australiens (212 millions d'euros). Une paille, comparé aux investissements colossaux qui seront sans doute nécessaires à la construction du câble sous-marin vers l'Antarctique. Car l'environnement polaire est loin d'être une partie de plaisir pour les installateurs de câble, qui devront notamment faire avec les icebergs entourant le continent gelé.

L'Australie ne compte par pour autant abandonner la connectivité internet satellitaire, et ambitionne de lancer deux satellites géostationnaires de communication et d'observation météorologique, pour lesquelles elle dépend actuellement de satellites japonais. Le BoM pourrait également s'appuyer sur le futur réseau Starlink de SpaceX.

À l'inverse de l'Arctique, qui attire les ambitions de toutes parts pour l'exploitation de routes commerciales ou de gaz, l'Antarctique est régi par un traité qui en fait un territoire neutre et interdit l'exportation de toute ressource minérale. Ce qui n'empêche pas l'Australie de placer ses pions afin d'y accroître son influence. Sait-on jamais.

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