D'antiques rouages. | Louisa Gouliamaki / AFP
 D'antiques rouages. | Louisa Gouliamaki / AFP

Les mystères révélés de la machine d'Anticythère, plus vieil «ordinateur» du monde

On en sait plus sur ce légendaire mécanisme céleste.

Depuis sa découverte au tout début du XXe siècle, au large de l'île du même nom dans la mer Égée par deux pêcheurs d'éponges, la machine d'Anticythère fascine. Elle est, après tout et d'une certaine manière, le plus vieil ordinateur connu, du moins le plus ancien calculateur et mécanisme à engrenage jamais découvert.

Sa construction aurait eu lieu entre 200 et 60 avant J.-C. S'il est impossible de le confirmer, certains attribuent l'idée de ce «Μηχανισμός των Αντικυθήρων» (littéralement «mécanisme d'Anticythère») à Archimède, bien qu'il ne l'ait probablement pas bâti lui-même.

Pendant des décennies, son usage est resté plutôt obscur. Comme le rapporte Ars Technica, un historien britannique de la science, Derek J. de Solla Price, a commencé à travailler en 1951 sur le fonctionnement supposé de l'objet, exposé au Musée archéologique d'Athènes.

Avec l'aide du physicien Charalambos Karakalos, de rayons X et gamma, il arrivait à la conclusion en 1959 que ce mystérieux mais complexe bidule, bien sûr mangé par la rouille, était du temps de sa splendeur utilisé pour calculer l'emplacement des planètes et des étoiles, et constituait le plus ancien calculateur analogique jamais découvert.

En 2002, l'expert en mécanique Michael Wright, du Science Museum de Londres, remettait l'appareil sur le devant de la scène scientifique en affinant, grâce à la tomographie, la vision que l'on pouvait avoir des rouages de la machine.

Selon lui, ses trouvailles prouvaient que la machine d'Anticythère avait été conçue pour rendre compte des mouvements des corps célestes selon le modèle géocentrique et épicycloïdal alors adopté par les Grecs pour expliquer les mouvements de l'univers qu'ils observaient.

Puzzle céleste

En 2021, nouveau progrès, et pas des moindres. En se basant sur les travaux de Wright et de ses prédécesseurs et en affinant encore les images de la chose, des scientifiques de l'University College de Londres ont pu décrypter puis traduire un peu plus plus des inscriptions en grec ancien que l'on (ne) pouvait (plus) y lire.

Ils ont commencé à mieux saisir le véritable fonctionnement de la machine et de ses trente-sept rouages (dont seuls trente ont survécu aux outrages du temps) et, en reconstituant le puzzle grâce à divers modèles mathématiques, à en bâtir une réplique.

Dernier épisode en date dans la marche vers la compréhension de cet engin, qui n'a peut-être pas été unique et dont un exemplaire aurait été possédé par le général romain Marcus Claudius Marcellus: une équipe de scientifiques grecs aurait déterminé la date exacte ayant servi à l'étalonnage de la machine d'Anticythère, permettant de mieux comprendre encore son fonctionnement.

«Tout système de mesure, d'un thermomètre à la machine d'Anticythère, a besoin d'un calibrage pour lui permettre de faire ses calculs correctement», explique Aristeidis Voulgaris du Thessaloniki Directorate of Culture and Tourism à New Scientist. «Bien sûr, ce n'était pas parfait –ce n'est pas un ordinateur numérique, mais des rouages mécaniques– mais c'était probablement très capable de prédire les éclipses solaires et lunaires», ajoute-t-il.

Les chercheurs se sont basés sur l'analyse d'un cycle nommé «saros», «une période de 223 mois synodiques ou lunaisons (environ 18 ans) qui peut être utilisée pour prédire les éclipses de Soleil et de Lune», nous apprend Wikipédia. Selon eux, du fait même de son objectif, la machine a sans doute été calibrée sur un jour d'éclipse solaire annulaire –un jour forcément très particulier dans la vie d'astronomes ou de prêtres.

En compulsant les bases de données de la NASA, en recoupant les dates d'éclipses solaires annulaires avec la période présumée de fabrication de la machine d'Anticythère et en constatant d'autres spécificités astronomiques fortes, ils ont déduit que la date à laquelle son fonctionnement avait été réglé est le 22 décembre de l'année 178 avant J.-C.

«C'est une date spécifique et unique, déclare Voulgaris. En une journée, il y a eu trop d'événements astronomiques pour que ce soit une coïncidence. Il y a eu une nouvelle lune, la nouvelle lune était à son apogée, il y a eu une éclipse solaire, le Soleil est entré dans la constellation du Capricorne, et c'était le solstice d'hiver.» Ce dernier, mentionné dans les inscriptions sur la machine, aurait été l'élément le plus déterminant pour parvenir à ces conclusions.

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