Imaginez une armée grouillante de mini-robots capables de s'autorépliquer et d'évoluer pour devenir de plus en plus intelligents: le scénario semble tout droit sorti d'un roman de science-fiction.
C'est pourtant le projet d'une équipe de recherche britannique et néerlandaise, qui planche depuis quatre ans sur le premier système autonome destiné à concevoir et à produire des robots autonomes capables de s'adapter à des environnements hostiles ou inconnus, comme des exoplanètes ou des rifts océaniques profonds.
Si l'on sait parfaitement concevoir des robots spécialisés dans telle ou telle fonction, la création de robots autonomes pose toujours un défi considérable. «Dans le cosmos, quelle forme et quelle taille le robot idéal devrait-il prendre? Devrait-il ramper ou marcher? De quels outils aura-t-il besoin pour manipuler son environnement, et comment survivra-t-il aux extrêmes de pression, de température et de corrosion chimique?», interroge Emma Hart, ingénieure à l'université Napier d'Édimbourg, sur le site The Conversation.
Évolution accélérée
Dans le monde vivant, la nature a déjà résolu ce problème: cela s'appelle l'évolution darwinienne. Lorsque deux individus se reproduisent, la sélection naturelle va retenir les gènes les plus adaptés et les faire «passer» à la nouvelle génération.
L'idée des chercheurs est donc de reproduire ce processus avec deux robots «parents» qui vont associer leurs «gènes» (en l'occurrence, leur code informatique) pour produire «un bébé robot» imprimé en 3D et doté des meilleures caractéristiques de ses deux «parents», illustre le site The Telegraph.
Sauf que là où l'évolution biologique prend des millions d'années, l'évolution artificielle peut se faire en heures, voire en quelques minutes. «Les robots vont imprimer toutes les pièces et les assembler eux-mêmes, sans la moindre intervention humaine», décrit Emma Hart.
Ces techniques pourraient servir à l'exploration de Mars, au minage d'astéroïdes ou à la construction d'habitats lunaires sans intervention humaine, suggèrent les chercheurs.
La Nasa dispose d'ailleurs d'un siège au conseil consultatif du projet, baptisé Autonomous Robot Evolution (ARE). Les robots pourraient aussi servir sur Terre, au démantèlement de centrales nucléaires, notamment.
Tout cela semble très prometteur, mais soulève aussi des questions existentielles. «Supposons par exemple que l'on envoie des robots sur une ceinture d'astéroïdes pour faire exploser l'un d'entre eux. Et si jamais, au cours de leur évolution, ces robots estimaient que le meilleur moyen d'y parvenir est de lancer l'astéroïde sur la trajectoire de l'orbite terrestre? Pourrions-nous empêcher cela?», s'interroge George Zarkadakis, ingénieur en intelligence artificielle, dans The Telegraph.