En supprimant Roe v. Wade, les membres de la Cour suprême américaine ont transformé certaines données privées, comme la géolocalisation, en de possibles preuves incriminantes. | Markus Spiske via Unsplash
En supprimant Roe v. Wade, les membres de la Cour suprême américaine ont transformé certaines données privées, comme la géolocalisation, en de possibles preuves incriminantes. | Markus Spiske via Unsplash

Roe v. Wade: l'ultime bataille pour la protection des données numériques a commencé

Les Gafam ont un rôle clé à jouer face au recul du droit à l'avortement.

Il n'a pas fallu attendre que la première puissance mondiale fasse reculer le droit à l'avortement –et mette en danger la vie de millions de femmes– pour qu'émerge dans le débat public la question de la protection des données. Depuis longtemps déjà, des activistes s'époumonent à alerter sur le fait que les géants du numérique détiennent sur nous des informations sensibles.

Mais avec la révocation de l'arrêt Roe v. Wade, les Gafam et leurs politiques sur les données sont de nouveau au centre du débat public, selon Axios.

En rendant aux États la possibilité de légiférer localement sur l'accès à l'IVG, les membres de la Cour suprême américaine ont transformé certaines données privées, comme la géolocalisation, en de possibles preuves incriminantes.

En ce sens et pour s'y opposer, Google a annoncé vendredi un programme qui permettra de supprimer automatiquement les données d'utilisatrices qui ont visité des «​​​​lieux tels que des centres de conseils, des foyers pour les victimes de violences domestiques, des cliniques d'avortement ou de consultation pour les addictions, des centres pour perdre du poids, des cliniques pour la chirurgie esthétique et bien d'autres».

Tous les utilisateurs ne le savent pas forcément, mais Google utilise la géolocalisation pour améliorer ses services tels que Google Maps et Google Search. Mais ces données sont récupérées même lors d'une connexion aux services pour lesquels elles ne sont pas nécessaires, comme YouTube, puisqu'un compte Google unique centralise l'accès à plusieurs services différents.

Des promesses insuffisantes

Si la décision de Google a été saluée par beaucoup, elle n'est pas entièrement satisfaisante. Par exemple, les utilisatrices qui veulent protéger leurs recherches devront encore effacer manuellement leur historique.

De plus, est-ce qu'un arrêt soudain de la localisation sur un téléphone ne pourrait pas être utilisé en justice comme une preuve en soi? D'autant que les données de localisation ne sont pas les seules sensibles dans le contexte de la criminalisation de l'avortement. D'autres points importants sont les données médicales et le suivi du cycle menstruel, les mails et messages privés ou encore les sites consultés.

Ainsi, si les grandes entreprises du numérique refusent officiellement de prendre part au débat politique et sociétal qu'est celui sur le droit à l'IVG, elles n'ont en réalité pas le choix: c'est la récupération et la monétisation des données des utilisateurs qui a fait en grande partie des Gafam ce qu'elles sont aujourd'hui.

Si elles sont sommées officiellement par la justice de fournir des informations qu'elles détiennent, ces entreprises seront dans l'obligation de s'exécuter et le feront certainement. Les plus déterminés des militants anti-avortement pourraient même, de leur côté, tenter de faire passer des lois pour les y obliger.

Les Gafam sont donc toutes impliquées, à des degrés différents. Apple, qui a longtemps résisté aux demandes précédentes sur l'analyse de données d'iPhone considérés comme suspects par les autorités, promeut depuis longtemps des politiques de renforcement de la protection de la vie privée et de cryptage des données. Facebook, en revanche, a déjà fait circuler et monétisé des informations sensibles par le passé.

Malheureusement, il y a fort à parier que ni la justice (puisqu'elle n'y parvient pas depuis plusieurs années), ni ces entreprises, ne seront capables dans un futur proche d'assurer la mise à l'abri des données numériques personnelles. Et c'est devenu, avec la révocation de Roe v. Wade, une question plus politique que jamais.

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