Le HSM Defender, avant les embrouilles. | Seyran Baroyan / AFP
Le HSM Defender, avant les embrouilles. | Seyran Baroyan / AFP

Des documents britanniques secret défense retrouvés à un arrêt de bus

Ça la fout mal, comme on dit.

L'affaire est pour le moins embarrassante pour le gouvernement de Sa Majesté comme pour le pays de James Bond et de John Le Carré: une masse de documents classifiés secret-défense ont été retrouvés nonchalamment abandonnés dans un arrêt de bus dans le Kent, où ils n'auraient bien sûr jamais dû se trouver.

Le Ministry of Defence (MoD) a expliqué mener l'enquête, qui pourrait avoir de larges ramifications. Retrouvées, comme l'explique la BBC, par un civil, les près de 50 pages de documents contiennent des informations hautement sensibles sur des sujets touchant de près à l'actualité la plus chaude et aux intérêts nationaux les plus chers.

La BBC a pu examiner ces documents, dont l'un est classifié «secret UK eyes only» et était destiné à la seule lecture du chef de cabinet de Ben Wallace, secrétait d'État à la Défense. Selon le média, ils émanent directement des plus hautes sphères du MoD.

Ils comprennent diverses analyses sur les ventes d'armes britanniques, sur les dangers qui pèseraient sur les forces que le pays pourrait envisager de laisser en Afghanistan après le retrait américain ou sur les premiers mois de la présidence de Joe Biden.

Le test russe

Mais la plus sensible de ces fuites concerne le HMS Defender et la mission lui ayant été confiée de croiser au large de la Crimée, péninsule située dans la mer Noire, originellement ukrainienne mais annexée par la Russie en 2014, puis contestée depuis.

Ce trajet du HMS Defender a semble-t-il été conçu à la fois comme une manière détournée pour le gouvernement britannique de se montrer aux côtés de l'Ukraine dans ses revendications sur la péninsule et comme un moyen de tester la réponse militaire russe à ce qui peut aisément être interpêté comme une provocation directe.

Un trajet alternatif, plus neutre politiquement, a même été discuté au sein du Ministry of Defence. Selon les débats rapportés par le document, il présentait néanmoins le risque d'être instrumentalisé par la Russie et présenté comme la preuve «d'un Royaume-Uni apeuré et fuyant», voire comme une reconnaissance implicite du caractère russe et non ukrainien des eaux territoriales frôlées.

Après analyse des réactions russes potentielles, l'aval a finalement été donné pour le trajet le plus proche de la Crimée disputée, peut-être par Boris Johnson lui-même. Avec les résultats que l'on sait: un rare incident entre les forces armées des deux nations.

La marine et l'aviation russes n'ont ainsi pas hésité à bander leurs muscles, le Kremlin envoyant navires et avions de chasse menacer l'embarcation de Sa Majesté. Selon le Kremlin, des tirs de semonce ont même été tirés en direction du HMS Defender, ce que Londres a par la suite formellement démenti.

Qui sait? La pantomime qui s'est jouée sur un fil entre Russie et Grande-Bretagne au large de la Crimée aurait peut-être connu une toute autre fin si les documents retrouvés dans le Kent, destinés à demeurer dans le secret du cabinet militaire britannique, n'avaient été lus par une indésirable paire d'yeux avant d'être abandonnés à leur sort.

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