L'une des grandes leçons du conflit en cours en Ukraine est l'importance primordiale qu'ont pris les drones dans les guerres modernes, qu'ils soient de conception militaire comme le Bayraktar TB-2 turc aux multiples prouesses, ou trouvables dans n'importe quel magasin Fnac avant d'être utilisé comme outil de reconnaissance, de renseignement ou de visée précise pour l'artillerie, voire bricolés en efficaces engins de mort do-it-yourself.
Pour les états-majors du monde entier, cela n'a rien d'une découverte: la menace des UAV, ces engins volants autonomes, est prise au sérieux depuis quelque temps, et partout les armées développent leurs solutions pour abattre ces indésirables et parfois mortelles mouches technologiques.
Récemment, l'US Navy expliquait ainsi avoir abattu l'une de ces choses grâce à un laser de sa conception. À l'instar de la Chine et de la plupart des grandes armées du monde, la France planche également sur ses propres solutions technologiques, notamment le Helma-P, pour contrer ces nouvelles menaces célestes.
Quant à Israël, il semble avoir inventé la contre-mesure parfaite, un «Iron Beam» là encore basée sur un laser surpuissant et dont la récente démonstration dans le désert du Néguev et contre diverses menaces (drone, roquette, obus de mortier...) a laissé les observateurs pantois.
Israel has successfully tested the new “Iron Beam” laser interception system.
— Naftali Bennett בנט (@naftalibennett) April 14, 2022
This is the world’s first energy-based weapons system that uses a laser to shoot down incoming UAVs, rockets & mortars at a cost of $3.50 per shot.
It may sound like science fiction, but it's real. pic.twitter.com/nRXFoYTjIU
Alors que la Russie ne cesse de se prendre des petites claques par les appareils opérés par l'Ukraine et ses troupes spécialisées, il n'est donc pas particulièrement étonnant que le Kremlin clame à ceux qui veulent l'écouter que ses troupes aussi utilisent ces armes lasers sur le champ de bataille.
Comme le rapporte Reuters, l'une des armes en question serait nommée «Peresvet», du nom d'un légendaire moine-soldat prénommé Alexander. L'Occident ne sait que peu de choses sur le bidule, sinon qu'il fait partie des nombreuses armes et missiles révolutionnaires –et souvent terrifiants– annoncés ces dernières années par Vladimir Poutine.
Vice-ministre dédié au développement militaire, Iouri Borissov a déclaré que le Peresvet est notamment capable d'aveugler des satellites postés à 1.500 kilomètres au-dessus du plancher des vaches. Mais les armées russes ne feraient pas seulement usage de ce moine-guerrier.
Le prototype de son successeur, semble-t-il baptisé «Zadira», serait déjà en usage sur le terrain ukrainien, selon le même Borisov, et serait capable de descendre un drone à une distance de 5 kilomètres, en 5 secondes seulement. «Si le Peresvet peut aveugler, la nouvelle génération de lasers peut détruire les cibles –une destruction thermique, ils brûlent», a-t-il précisé.
Propagande contre propagande
Rien qui ne semble impressionner Volodymyr Zelensky, selon lequel ces annonces relèvent de la pure propagande. Dans l'un de ses messages nocturnes, le président ukrainien a comparé ces lasers aux armes secrètes et révolutionnaires promises par le Troisième Reich nazi vers la fin de la Seconde Guerre mondiale.
«Plus il devient clair qu'ils n'ont aucune chance de gagner cette guerre, plus il y a de propagande à propos d'armes étonnantes qui seraient si puissantes qu'elles pourraient renverser le cours des choses», s'est-il ainsi moqué dans un logique exercice de contre-propagande.
Il semble que les experts occidentaux doutent également des affirmations russes, indiquant manquer d'éléments pour croire à l'usage de tels armements sur le champ de bataille ukrainien.
«Cela n'a pas marché jusqu'à maintenant, explique Mick Ryan, général australien à la retraite et observateur du conflit, au Washington Post. Il est peu probable que cela fonctionne avec un laser expérimental dont il n'a jamais été prouvé qu'il fonctionne.»