Non contentes de constituer de véritables nids d'espions, les ambassades russes constituent aussi de très efficaces stations d'écoute. Les journalistes du média VSquare Anna Gielewska et Szabolcs Panyi ont ainsi pu identifier visuellement des équipements servant à la collecte de renseignement d'origine électromagnétique sur les toits de plusieurs de ces bureaux du personnel diplomatique russe en Europe.
Autrement dit, à Varsovie, Stockholm, Budapest et même Bruxelles, la Russie intercepte les communications radio, les données envoyées par téléphone portable, les conversations téléphoniques issues de ces derniers (y compris satellitaires), le tout à des fins d'espionnage et depuis ses représentations diplomatiques. Ces équipements servent aussi aux propres communications des espions du président russe Vladimir Poutine.
À l'Est, rien de nouveau
Ainsi, une vidéo de l'ambassade à Varsovie (Pologne) montre «une vaste collection d'antennes multifonctionnelles de différentes formes et tailles, des bobines de câble, et même des conteneurs spéciaux pouvant être utilisés pour l'interception des signaux». Les équipements les plus sensibles sont toutefois dissimulés dans des sortes d'abris en bois, protégés de toute éventuelle reconnaissance aérienne ou satellitaire.
À Budapest (Hongrie), lors des manifestations devant l'ambassade russe, les antennes présentes sur son toit permettent notamment d'intercepter les communications téléphoniques ainsi que de récupérer les données et les identifiants des téléphones portables à proximité. Selon les sources de VSquare, les diplomates russes peuvent aussi écouter les transmissions radio jusqu'à 30 kilomètres à la ronde.
Depuis Bratislava, les Russes espionnant la Slovaquie ne se trouvent par ailleurs qu'à 7 kilomètres d'une importante station d'écoute de l'Agence nationale américaine de sécurité (NSA) se trouvant sur la montagne Königswarte, en Autriche. Ils utiliseraient aussi un logiciel espion similaire au Pegasus de l'israélien NSO Group, géré directement depuis Moscou.
Depuis le ciel (les oiseaux) et la mer
Dans les pays Baltes, en raison de la proximité avec la Russie, la situation apparaît quelque peu différente. «La Russie mène des opérations de renseignement d'origine électromagnétique contre les États baltes à partir des territoires russe et biélorusse. Les centres de renseignement électromagnétique du FSB [le renseignement intérieur russe, ndlr] et du GRU [le renseignement militaire russe, ndlr] sont déployés dans [l'enclave] russe de Kaliningrad», indique le renseignement intérieur lituanien.
Mais le FSB dispose également d'une station d'interception près de Saint-Pétersbourg, à 25 kilomètres de la frontière estonienne, et d'une autre près de Pskov, à une cinquantaine de kilomètres, qui sont capables d'écouter de l'autre côté de la frontière. L'artillerie lourde se trouve toutefois dans l'enclave de Kaliningrad, sous la houlette du renseignement militaire russe.
Enfin, Moscou utiliserait des avions Iliouchine Il-20M et Tupolev Tu-214R, ainsi que des navires classes Alpinist et Vichnia, tous spécialisés dans la collecte de renseignement d'origine électromagnétique, pour espionner les forces de l'OTAN.