Vladimir Poutine au Kremlin, à Moscou, le 20 mars 2019 | Alexander Nemenov / AFP
Vladimir Poutine au Kremlin, à Moscou, le 20 mars 2019 | Alexander Nemenov / AFP

Là où Poutine passe, les GPS trépassent

Le Kremlin est soupçonné de manipuler les récepteurs pour protéger des personnalités et des positions stratégiques.

Fin 2018, la Norvège accusait la Russie de brouiller les signaux GPS dans le Grand Nord lors des exercices de l’OTAN dans la région. Plus récemment, c’est la frégate française Forbin qui expliquait faire régulièrement face à des perturbations GPS au large de la Syrie.

À partir de données récupérées par la Station spatiale internationale (ISS), une équipe de recherche a mené une étude semblant confirmer que le Kremlin a pris pour habitude de défendre ses positions en trafiquant les signaux de géolocalisation alentour.

La technique utilisée, appelée «GPS spoofing», permet de manipuler les systèmes de positionnement en leur envoyant des coordonnées erronées. Tous les GNSS, un terme générique utilisé pour désigner les systèmes de positionnement par satellite (c’est-à-dire non seulement le GPS, qui est américain, mais aussi l’européen Galileo, le chinois Beidou-2 et le russe Glonass), sont susceptibles d'être touchés, qu’ils soient militaires ou civils.

Selon le rapport du Center for Advanced Defense Studies (C4ADS), un think tank spécialisé dans les question de défense, de nombreuses occurrences de ce type de perturbations se sont déroulées en Russie, en Crimée et en Syrie.

Sur le territoire russe, elles ont notamment eu lieu autour des bâtiments gouvernementaux sensibles à Moscou et sur les côtes de la mer Noire, où se trouvent les résidences de membres du gouvernement. En Syrie, c'est notamment la base aérienne de Hmeimim, où sont positionnées des troupes russes, qui a été visée.

En plus de ces zones identifiées, les brouillages semblent suivre le président russe à la trace. «Dans quasiment tous les cas où de brèves interférences GNSS avaient lieu dans des endroits isolés en Russie ou en Crimée, comme Arkhangelsk, Vladivostok ou Kertch, nous nous sommes aperçus qu’elles coïncidaient parfaitement avec des visites de Vladimir Poutine», note le rapport.

Dangereux procédé

D'après C4ADS, ces méthodes sont surtout utilisées comme moyen de défense. Ils permettent par exemple d’induire un drone en erreur pour qu’il n’atteigne pas sa cible ou de désorienter un avion qui voudrait survoler la zone. Au dessus de Hmeimim, des avions reçevaient un signal GPS qui ne contenait aucune coordonnée.

Brouiller les GNSS comporte des risques pour tous les appareils qui en dépendent. Outre les taxis moscovites et les personnes jouant à Pokémon GO, le signal de 1.311 bateaux naviguant dans les eaux russes aurait été manipulé depuis février 2016, portant atteinte à la sécurité maritime.

C4ADS n’accuse personne pour ces interférences, qui sont très difficiles à attribuer, et le Kremlin nie en bloc toute responsabilité dans les brouillages. La Russie est toutefois suspectée d’investir massivement dans des moyens de guérilla technologique, dont le GPS spoofing fait partie.

Le procédé devrait continuer de faire parler de lui, car il devient de plus en plus facilement accessible. Il y a quelques années, les dispositifs de brouillage coûtaient des milliers de dollars et leur maîtrise exigeait des compétences spécialisées. Il est désormais possible de les fabriquer pour moins de 300 dollars.

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