Fuite de gaz en mer Baltique le 27 septembre 2022, au lendemain du sabotage du gazoduc. | Handout / Getty Images Europe / AFP
Fuite de gaz en mer Baltique le 27 septembre 2022, au lendemain du sabotage du gazoduc. | Handout / Getty Images Europe / AFP

Sabotage des gazoducs Nord Stream: les Hercule Poirot d'internet se déchaînent

Le manque de ressources ne décourage visiblement pas les internautes.

Le 26 septembre 2022, les gazoducs Nord Stream 1 et 2, qui relient l'Allemagne à la Russie via la mer Baltique, faisaient l'objet d'un sabotage. Une série d'explosions a endommagé certains tuyaux, engendrant d'importantes fuites de méthane. L'identité des coupables, elle, relève toujours du mystère absolu, explique Wired six mois après l'événement.

Tour à tour, la Russie, les États-Unis, le Royaume-Uni, et même un groupe pro-ukranien anonyme ont été accusés d'avoir fomenté cette attaque. Le sujet est très sensible, et ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la page Wikipédia francophone qui lui est consacrée arbore la mention suivante: «Les contributeurs sont tenus de ne pas participer à une guerre d’édition, sous peine de blocage.»

Derrière leur ordinateur, de nombreux individus essaient de jouer les détectives, afin de déterminer l'origine du sabotage. Utilisant des données disponibles en open source (OSINT), ces internautes s'affairent au gré d'un gigantesque jeu de piste numérique qui déchaîne les passions. Il faut dire que les thèses énumérées plus haut n'ont convaincu personne, puisqu'elles étaient principalement «spéculatives», comme l'indique Jacob Kaarsbo, ancien agent des renseignements danois devenu analyste pour le cercle de réflexion Europa.

Efficace

Les équipe de recherche Open Source Intelligence (OSINT) voulaient du factuel, et ont donc commencé à éplucher toutes les données disponibles en ligne. Trafic aérien et maritime, images satellites, photographies des lieux: chaque élément a été passé au peigne fin afin de collecter le moindre indice. Ces techniques ont fonctionné par le passé: elles ont permis de démasquer des assassins russes, d'identifier de potentiels criminels de guerre ou d'alerter sur des questions de pollution.

Dans le cadre de l'affaire Nord Stream, la quantité de données disponibles était somme toute assez limitée, indique Wired. Il est vrai que le fait que le sabotage ait eu lieu au-dessous du niveau de la mer n'a pas aidé. Pour l'analyste Oliver Alexander, les recherches actuelles «ne devraient pas permettre de résoudre l'affaire, mais elles pourront être utilisées pour vérifier ou confirmer certaines hypothèses». Ce qui n'est pas négligeable.

Parmi les éléments sur lesquels les chercheurs et chercheuses OSINT ont avancé, il y a la troublante présence d'un yacht, évoquée par le New York Times et Die Zeit le 7 mars. Selon ces deux quotidiens, des enquêteurs officiels étaient sur la piste d'un bateau de ce type, loué à une société basée en Pologne, et que les responsables du sabotage (six personnes, dont deux plongeurs) auraient utilisé pour commettre leur méfait.

Grâce aux données disponibles en ligne, certains fins limiers sont parvenus à remonter la trace du fameux bateau, et à identifier l'Andromeda grâce aux archives de certaines webcams, ainsi qu'à des photos et vidéos glanées çà et là. Une découverte qui pourrait finir par être cruciale et par aider la «vraie» enquête à avancer.

Fact-checking

De même, ce sont les Hercule Poirot d'internet qui ont établi que les accusations proférées contre les États-Unis étaient fausses. Grâce à des données portant sur le trafic maritime, et notamment sur la position de certains navires norvégiens qui auraient prétendument servi aux Américains, ils ont pu démontrer que les bateaux en question ne se trouvaient «pas dans la position permettant de placer les explosifs» sur le pipeline Nord Stream, contrairement à ce qui avait été affirmé par le principal accusateur.

Rayer certaines hypothèses de la liste est une bonne chose, mais hélas, pour l'instant, les investigations ne vont pas plus loin. Ni les internautes ni les enquêteurs officiels ne semblent en mesure de mettre la main sur les coupables, d'autant que certains affirment qu'il pourrait s'agir d'une opération montée de toutes pièces pour faire accuser l'Ukraine. Le mystère continue donc à planer, et à passionner une communauté croissante, que ce soit pour des motifs politiques ou pour des raisons bassement ludiques.

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