C'est un long article que consacre Pitchfork à la question des vertus curatives de la musique. On y lit quelques histoires incroyables et touchantes sur la manière dont la musique a réparé des corps brisés, réactivé ces cerveaux atteints, redonné du mouvement à des membres paralysés.
Car si l'on sait que la musique adoucit les mœurs, on sait également –depuis qu'hommes et femmes tapent sur des bambous autour du feu– qu'elle peut soigner les meurtrissures. Ces dernières années, grâce à d'importants progrès technologiques, notamment dans le domaine de l'imagerie médicale, ce savoir instinctif a été confirmé par la science. La musique est désormais un véritable champ de recherche médicale, sur lequel reposent quelques beaux espoirs et misent en conséquence quelques start-ups.
Le cerveau, une matière plastique
Pitchfork prend l'exemple de MEDRythms. L'entreprise a été fondée par Brian Harris, spécialiste de la thérapie neurologique musicale (NMT, en anglais), un champ de recherche né à la fin des années 1990. Harris a décidé de faire de l'application de la NMT l'objectif de sa vie lorsqu'il a vu un pré-adulte, dont le développement psychomoteur correspondait à celui d'un bébé faire, réaliser grâce à 10 minutes de thérapie par la musique des progrès que le personnel soignant n'avait jusqu'alors jamais constatés.
«Aucun autre stimulus ne permet une telle activation globale du cerveau», explique Harris. Langage, cognition, mémoire, mouvement: la musique fait fonctionner l'ensemble du cerveau. Et elle joue également sur la neuroplasticité, soit la capacité du cerveau à créer de nouveaux réseaux neuronaux ou à renforcer ceux préexistants.
MEDRythm travaille pour l'instant auprès d'institutions spécialisées pour aider des personnes souffrant de la maladie de Parkinson, de celle de Huntington ou ayant subi un accident vasculaire cérébral. L'objectif ultime de la start-up est de créer une plateforme logicielle et matérielle permettant aux malades de bénéficier de traitements très spécifiques chez eux, sans requérir la présence permanente de spécialistes à leurs côtés.
L'histoire de Peter, victime d'un AVC: la pratique du chant et de la musique lui a permis de retrouver le langage.
Seconde app mentionnée par Pitchfork: The Sync Project. Fondée par un ancien ponte de Nokia, Marko Ahtisaari, l'entreprise utilise la big data –et notamment des masses infinies de données issues de Spotify ou d'Alexa– pour créer ce qui est décrit comme un «moteur de recommandation musicale biométrique». En clair: adieu drogues ou café pour vous stimuler, adieu zolpidem pour vous assomer, adieu rosé pour vous enivrer, une musique aux effets très finement étudiés peut avoir peu ou prou les mêmes effets.
The Sync Project s'appuie sur les recherches et la collaboration de scientifiques de haut niveau, mais des artistes de grande renommée comme St. Vincent, Peter Gabriel ou Jon Hopkins surveillent également ses travaux.
Des soins sur mesure
Plus classique, mais soutenue par Will Smith, le manager de Justin Bieber ou le premier label de MGMT, BioBeats est née quand son fondateur a frôlé le trépas, après un arrêt cardiaque dû au stress et à la fatigue.
Chercheur en IA, David Plan a alors imaginé des applications permettant «d'écouter» son corps, notamment son rythme cardiaque, et de faire baisser son niveau de stress par des exercices personnalisés et accompagnés d'une musique adaptative. Pulse, qui mettait son rythme cardiaque en musique, fut la première de ces applications, suivie du logiciel de «mindfullness musical» Here and Now.
Pitchfork prend enfin l'exemple de Tinnitracks, application dont la promesse est de traiter les acouphènes avec la musique que chaque utilisateur ou utilisatrice écoute le plus régulièrement. Soutenue par les autorités sanitaires allemandes, la solution repose là encore sur la recherche scientifique et les récentes découvertes sur la neuroplasticité: l'acouphène serait dû à l'hyperactivité d'une zone particulière du cerveau, qui pourrait être partiellement voire totalement «rééduquée» grâce à l'écoute de musique aux fréquences particulières, retraitées par la start-up après analyse.