Les drogues de synthèse sont un fléau pour les services de police. Ces substances imitent les effets des produits classiques comme la cocaïne, les amphétamines ou la MDMA, mais ce ne sont pas les mêmes molécules qui entrent dans leur composition. Ces produits, qui ne sont pas répertoriés dans les législations antidrogue, ne sont techniquement pas interdits –un avantage certain pour les chimistes et les dealers.
Lorsqu'une drogue de synthèse se popularise, les autorités l'ajoutent à la liste des molécules illégales, mais parce qu'elles ont un coup d'avance sur la législation, ces nouvelles substances psychoactives (NSP) ont hérité du surnom de «drogues légales» («legal highs» soit défonces légales).
La plupart du temps commercialisées sur internet, ces NSP ne restent jamais «légales» très longtemps. Mais le temps qu'elles soient identifiées, que la législation s'adapte et que la police dispose des tests nécessaires pour les détecter, ces drogues ont déjà été remplacées par de nouveaux produits.
«Il existe une course entre le marché de ces nouvelles substances psychoactives et la législation. Le statut légal des NSP est différent d'un pays à l'autre et varie rapidement», expliquait en 2016 la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives.
Prédictions
Dans la lutte contre la prolifération de ces substances, les autorités ont peut-être trouvé une nouvelle alliée: l'intelligence artificielle. Des scientifiques affirment avoir mis au point un programme qui détecte les structures chimiques de ces nouvelles substances psychoactives, peut-on lire dans la revue Nature.
Ce programme, baptisé DarkNPS a été entraîné sur 1.700 drogues de synthèse connues, collectées auprès de laboratoires des polices scientifiques du monde entier afin d'identifier les structures chimiques récurrentes.
«Cela pourrait faire gagner énormément de temps et permettre d'identifier les nouvelles drogues bien plus rapidement après qu'elles ont atteint le marché, explique à New Scientist Michael Skinnider, le directeur de l'étude. Notre méthode raccourcit le temps passé à identifier une nouvelle substance psychoactive de plusieurs semaines voire des mois à quelques heures seulement.»
Cela permettrait donc à la lutte antidrogue de rattraper son retard dans sa course avec les trafiquants. Mais ce n'est pas tout: les scientifiques espèrent même pouvoir les devancer. Ils estiment que leur IA peut prédire la composition des futures drogues de synthèse avant même qu'elles ne soient inventées.
Les chercheurs ont utilisé DarkNPS pour prédire un milliard de structures chimiques susceptibles de se retrouver dans un produit de synthèse. Sur 294 nouvelles drogues analysées, 176 ont été anticipées par l'IA. Un système efficace donc, mais qui pourrait être dévastateur s'il tombait entre de mauvaises mains.