Décidément, Elon Musk a un problème avec les collisions. En mars 2021, des tests avaient montré que le pilote automatique des voitures Tesla n'est pas du tout adapté à la conduite dans un milieu urbain animé, les véhicules manquant sans arrêt de heurter quelque chose. Aujourd'hui, ce sont ses satellites Starlink qui sont accusés d'être des dangers publics spatiaux.
Hugh Lewis est le directeur du groupe de recherche en astronautique de l'Université de Southampton, au Royaume-Uni. Il étudie les rapprochements entre satellites artificiels en orbite autour de la Terre à l'aide de Socrates (Satellite Orbital Conjunction Reports Assessing Threatening Encounters in Space), une base de données qui permet d'anticiper les risques de collision.
«J'ai étudié les données en remontant jusqu'à 2019, le premier lancement de Starlink, explique Lewis à Space.com. Depuis, le nombre de rencontres enregistrées par Socrates a fait plus que doubler, et Starlink est impliqué dans plus de la moitié d'entre elles.»
Ces rencontres sont en fait le croisement de deux engins à moins d'un kilomètre l'un de l'autre, ce qui dans l'espace est considéré comme une situation à risque. D'après le scientifique, les satellites de SpaceX sont donc impliqués dans 1.600 d'entre elles chaque semaine, dont 1.100 entre satellites Starlink –le reste étant le fait d'appareils contrôlés par d'autres entités.
L'espace est-il assez grand pour Starlink?
La raison pour laquelle les satellites d'Elon Musk sont surreprésentés n'est pas qu'ils sont moins performants que les autres, c'est simplement qu'ils sont très nombreux. Le projet de SpaceX avec Starlink est de fournir un accès internet haut débit à toute la planète depuis l'espace. Seulement, pour mettre un tel système en place, il faut placer énormément de satellites en orbite. Pour être exact, Elon Musk souhaite se constituer un réseau de 42.000 appareils.
Selon les calculs de Lewis, une fois que SpaceX aura achevé la première phase de son projet, c'est-à-dire qu'elle aura placé 12.000 engins en orbite, elle sera impliquée dans 90% des rencontres à risque.
D'après Space.com, une entreprise qui possède 50 satellites reçoit environ 300 alertes de rapprochement par semaine. Une dizaine d'entre elles nécessitent une manœuvre manuelle d'évitement. Avec des dizaines de milliers d'appareils à surveiller, la situation pourrait donc rapidement devenir intenable. Surtout que chaque collision crée des débris, qui peuvent eux-mêmes entraîner des collisions.
Afin de répondre à cette problématique, SpaceX a conçu pour ses satellites un système de détection et d'évitement des collisions autonomes. Espérons que ce système soit plus performant que celui qui équipe les Tesla.