Ne le prenez bien sûr pas personnellement, ce n'est qu'une photo d'illustration. | engin akyurt via Unsplash
Ne le prenez bien sûr pas personnellement, ce n'est qu'une photo d'illustration. | engin akyurt via Unsplash

La science le dit: les trolls en ligne sont des trous du cul en vrai

Internet ne fait qu'amplifier certains comportements.

La poule fait-elle l'œuf, l'œuf fait-elle la poule? Internet fait-il le troll ou le troll préexistait-il à Twitter? Les débats sur l'anonymat en ligne n'en finissent pas de squatter les plateaux télé et les discours d'éditorialistes et politiques, persuadés que la forme numérique des discussions est la cause des maux du débat public dans sa forme actuelle –polarisé, violent, bourré d'invectives et d'insulteurs masqués.

Une récente étude publiée dans l'American Political Science Review et se penchant sur cette «hypothèse du mismatch», selon laquelle la distance de la discussion en ligne inciterait les débattants à plus de violence et d'agressivité, apporte un éclairage nuancé à ces visions d'un autre âge.

Utilisant des données américaines et danoises, deux sociétés assez différentes dans leur structuration du débat, les deux chercheurs responsables de l'étude Alexander Bor et Michael Bang Petersen concluent que quelqu'un de désagréable en ligne a de grandes chances d'avoir la même tendance dans la vie de chair et d'os.

«Pourquoi les discussions en ligne à propos de politique sont-elles plus hostiles que celles hors ligne? demande l'introduction de leur papier. Une réponse populaire avance que la psychologie humaine est taillée pour les interactions en face à face et que de ce fait, le comportement des individus change pour le pire lors de discussions en ligne plus impersonnelles. Nous proposons une formalisation théorique et une étude empirique de cette explication: l'hypothèse du mismatch

Connerie universelle

Selon les données comportementales étudiées, tant d'un côté que de l'autre de l'Atlantique, les deux chercheurs trouvent une certaine corrélation, un certain miroir entre les deux mondes, en ligne et hors ligne.

Le voile de l'anonymat et la «déréalisation» du numérique n'ont ainsi qu'un impact limité sur la forme de la discussion et les hostilités qui peuvent y naître: une personne prédisposée aux comportements agressifs dans la vie réelle choisira, de la même manière et en ligne, l'offense et le trolling comme une stratégie délibérée pour exister aux yeux de ses contemporains.

En revanche, les deux chercheurs ont trouvé que les personnes plus discrètes dans la vie réelle avaient une tendance plus marquée à ne pas s'engager dans un débat politique quelconque en ligne, qu'il soit hostile ou non.

«Il existe de nombreuses raisons psychologiques expliquant que nous ayons plus de mal à garder notre calme en ligne», déclare le Danois Alexander Bor à Engineering & Technology. Ne pas voir le visage de la personne à qui l'on s'adresse ou le rythme rapide de l'écrit peuvent par exemple mener à des incompréhensions, poursuit-il.

«Cela dit, nous savons grâce aux recherches en psychologie que tout le monde n'a pas une personnalité également prédisposée à l'agression. Finalement, ce sont ces différences de personnalités qui sont les plus grands facteurs de l'hostilité en ligne.»

Son confrère américain Michael Bang Petersen observe quant à lui que les comportements problématiques et le trolling semblent plus visibles, ressentis et pris en compte en ligne que dans la vie réelle. «Les discussions en ligne prennent place dans un grand réseau public, et le comportement des trolls sur internet est beaucoup plus visible que le même comportement hors ligne», note-t-il ainsi.

Comme l'écrit donc Tom McKay pour Gizmodo, «internet ne fait pas que les gens se comportent comme des connards, mais il donne clairement un grand mégaphone à ceux qui le sont». Bon à savoir pour éviter les sept cercles de l'enfer d'une conversation trop violente par clavier interposé.

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