Le gros caillou n'était pas un simple gros caillou. Comme le rapporte le Guardian, les habitants de Hiiraan, la région somalienne où il reposait, chantent et racontent depuis une éternité l'histoire de cette pierre qui porte le doux nom de «Tombée de la nuit» en dialecte local.
Ce n'est en fait pas de la nuit, mais de l'espace que cette pierre est tombée: baptisée El Ali par les scientifiques canadiens qui l'ont étudiée, «Tombée de la nuit» est une grosse météorite d'environ 2 mètres de large. Une petite tranche de la chose a été envoyée à l'Université de l'Alberta pour classification.
Et là, surprise pour Chris Herd, professeur en charge de la collection de minéraux de l'institution, qui s'est le premier penché sur l'échantillon. Il y avait là quelque chose de neuf, de jamais observé auparavant, quelque chose de suffisamment intrigant pour qu'il demande l'aide de son confrère Andrew Locock, chef du laboratoire d'analyse par microsonde de Castaing de l'université.
Bonanza
«Le tout premier jour où il a commencé les analyses, il a dit: “Vous avez au moins deux nouveaux minéraux ici.” C'était phénoménal, se rappelle Chris Herd. La plupart du temps, il faut beaucoup plus de temps pour arriver à cette conclusion.»
«Jamais je n'aurais pensé être impliqué dans la description de deux nouveaux minéraux, simplement parce que j'ai jeté un œil à une météorite, ajoute le chercheur, étonné de sa propre découverte. C'est ce qui rend la chose si excitante: dans cette pierre particulière, on trouve deux minéraux à décrire.»
Ils ont été baptisés «elaliite», du nom de la localité près de laquelle la météorite a été découverte, et «elkinstantonite», de celui de Lindy Elkins-Tanton, l'une des principales chercheuses responsables, pour la NASA, de la mission d'étude de l'astéroïde Psyché, au travail de laquelle Chris Herd souhaitait rendre hommage. Un troisième minéral est en cours d'étude et pourrait, lui aussi, être une nouveauté complète.
Les chercheurs de l'Université de l'Alberta auraient souhaité ne pas s'arrêter en si bon chemin et procéder à des examens plus poussés de la météorite somalienne. Las, explique le Guardian, elle est désormais introuvable: elle aurait été envoyée en Chine, peut-être pour y être vendue. Qui sait quels autres secrets elle peut encore révéler?