Vous pensiez passer une mauvaise journée? Imaginez celle des dinosaures –et plus généralement de (presque) toute chose vivante sur Terre– il y a 66 millions d'années, lorsqu'un astéroïde géant est venu frapper la planète au pire endroit possible.
Car l'enfer traversé par la boule de roche sur laquelle nous nous tenons n'a pas duré que quelques heures avant que le soleil ne revienne: deux nouvelles études ont identifié ce qu'elles pensent être les preuves de désastres aussi dantesques que longs.
On connaissait certains des effets provoqué par la chute de ce corps céleste –précisément le type de caillou mortel que la Nasa a cherché à détruire avec sa mission DART– dans la péninsule du Yucatán, au Mexique, à l'endroit marqué par le fameux cratère de Chicxulub.
Tremblements de terre, tsunamis, éruptions volcaniques, acidification des océans, voile de poussière bloquant le soleil et faisant s'effondrer l'ensemble des chaînes alimentaires: tout ceci a conduit, disent les scientifiques, à l'extinction de la quasi-totalité des dinosaures non aviaires, et à celle de 93% des mammifères qui prospéraient jusqu'alors tranquillement.
Deux études, notamment relayées par New Atlas, précisent certains de ces événements. La première est l'œuvre de scientifiques de l'université du Michigan, qui ont simulé les tsunamis provoqués par la chose, comparant leurs données à celles, géologiques, issues de cent-vingt sites du monde entier.
Ils se sont basés sur des données précédentes, indiquant qu'un astéroïde de 14 kilomètres de large aurait heurté la Terre à la vitesse folle de 43.200 km/h. Selon leurs modélisations, dans les premières minutes ayant suivi l'impact, un mur d'eau de 4,5 kilomètres de haut se serait formé, avant de retomber lourdement à la surface.
Dix minutes après le choc, un tsunami géant en forme de cercle, d'une hauteur effrayante de 1,5 kilomètre, aurait ensuite commencé son trajet apocalyptique. Il n'aurait mis que vingt-quatre heures à balayer l'ensemble de la surface du globe, avec une puissance qu'il est difficile d'imaginer.
Selon les scientifiques et les vérifications géologiques de leurs simulations, l'Atlantique Nord et le Pacifique Sud ont été les plus durement touchés, quand le désastre a été un peu moindre dans l'Atlantique Sud, le Pacifique Nord, l'océan Indien et la Méditerranée.
Attention aux secousses
La seconde étude a été menée par Hermann Bermúdez de l'université d'État de Montclair, dans le New Jersey. Hermann Bermúdez s'est intéressé aux conséquences géologiques de l'extinction Crétacé-Paléogène, en analysant la composition d'affleurements en Colombie, sur l'île de Gorgonilla, au Mexique et aux États-Unis, dans l'Alabama, au Texas et dans le Mississippi.
Sur l'île de Gorgonilla, à 3.000 kilomètres du cratère de Chicxulub, le Colombien a découvert des perturbations dans les sédiments qu'il considère être le résultat de tremblements de terre survenus immédiatement après l'impact.
Il y a également découvert des sphérules vitreux, de petites billes d'un verre fondu par la puissance de l'impact, projetées dans le ciel puis retombant au sol, ainsi que des tectites et micro-tectites.
Comme l'explique New Atlas, il a fallu des mois pour que cette couche de sphérules se forme. Elle est pourtant marquée par le même type de déformations que la couche supérieure de sédiments –boues et sable– précédemment citée: selon Hermann Bermúdez, ce serait la preuve que les séismes ayant suivi l'impact de l'astéroïde n'auraient cessé pendant des semaines, sinon des mois.
D'une durée terrifiante, la secousse aurait aussi été d'une puissance inimaginable. Le chercheur calcule ainsi que la planète, après l'impact de l'astéroïde, aurait été frappée par un tremblement de terre représentant une énergie de 1023 joules. C'est 50.000 fois plus que celui ayant ravagé l'océan Indien en 2004. D'une magnitude de 9,1 sur l'échelle de Richter, il avait fait plus de 220.000 victimes humaines.