Lorsque vous roulez sur une autoroute bondée et passez à côté d'une voiture accidentée, il y a peu de chances que vous appeliez la police. Il est en revanche possible que vous ayez le réflexe de le notifier à Waze, afin de prévenir les autres automobilistes.
Ce réflexe pourrait être le meilleur moyen de constituer une base de données géante sur la sécurité routière, car les accidents graves de la routes sont somme toute assez rares. C'est heureux, mais cette disette d'occurrences fait que les modèles informatiques ne savent pas prédire ces événements n'advenant pas assez fréquemment.
Parvenir à recueillir suffisamment de données permettrait d'identifier quelles routes ont de trop hauts risques d'accidents et éventuellement d'anticiper les accrochages.
Trois minutes décisives
Des scientifiques de l'université de Californie ont essayé de déterminer si les informations récoltées par Waze étaient effectivement plus complètes que celles des autorités.
En comparant les données de l'app et celles de la California Highway Patrol, il semblerait que les utilisateurs et utilisatrices de Waze notifient les accidents à l'app en moyenne 2 minutes et 41 secondes avant que la police ne soit alertée.
Pour Sean Young, professeur de médecine et directeur de l'Institut de technologies de prédiction (UCIPT), ces presque trois minutes peuvent être décisives, sachant que «plus vite vous arrivez aux urgences, plus vous avez de chances de vous en sortir».
En 2017, une expérience similaire avait été conduite dans le Maryland. Elle avait abouti à des conclusions similaires et avait également permis de remarquer que Waze est notifiée lorsque des petits accrochages ralentissent le trafic mais ne nécessitent pas d'intervention policière.
Ces accidents ne remontant pas officiellement jusqu'aux autorités compétentes seraient pourtant utiles pour prédire les futurs accidents, en «offrant un indicateur prématuré de risque» qui permettrait d'adapter les routes dangereuses et de tenir les secours à proximité des zones sensibles.
«Les données de Waze pourraient être utilisées pour identifier rapidement les accidents nécessitant l'intervention de la police, quasiment en temps réel», conclut l'étude.
Failles dans le système
Il ne faut toutefois pas s'attendre à ce que Waze renseigne la police de sitôt. Il existe des failles dans le système et dans ses données: tôt le matin et tard le soir par exemple, lorsqu'il y a peu de monde sur les routes, moins d'automobilistes utilisent Waze, qui a alors tendance à sous-estimer le nombre d'accidents.
Même en cas d'affluence, notifier Waze est un geste anodin, moins réfléchi qu'un appel aux secours, ce qui entraîne de nombreux faux positifs.
Comme l'explique Sean Young, «si vous prenez Waze pour argent comptant et que vous alertez la police à chaque fois que leur système indique un accident, cela occuperait un grand nombre de ressources qui pourraient être utiles ailleurs».