C'est l'un des rares sujets qui mettent d'accord les parlementaires républicains et démocrates aux États-Unis. En 2017, les lois SESTA (Stop Enabling Sex Traffickers Act) et FOSTA (Allow States and Victims to Fight Online Sex Trafficking Act), destinées à lutter contre le proxénétisme en ligne, ont fait consensus et ont été votées à de très larges majorités.
Les textes en question exposent les sites qui «facilitent le trafic sexuel». Normalement, grâce au Communication Decency Act, un site internet n'est pas responsable de ce que les internautes postent dessus. C'est ce qui permet à Facebook et Twitter de ne pas être condamnés pour les propos haineux qu'ils abritent.
FOSTA et SESTA établissent une exception pour la prostitution. Cela pousse donc les acteurs du net à prendre des mesures contre la prostitution sur leurs plateformes et, le cas échéant, permet aux autorités d'attaquer en justice voire de fermer les sites incriminés.
Seulement, le SESTA avait provoqué une levée de boucliers de la part de l'ACLU et de certaines organisations de lutte contre le trafic sexuel, qui accusaient la loi de chasser les travailleurs et travailleuses du sexe d'internet et de nuire à leur sécurité.
En réponse au SESTA, le député démocrate Ro Khanna a proposé une loi baptisée «SAFE SEX Workers Act» qui, si elle est votée, ordonnera au ministère de la Santé américain de mener une étude sur les dommages potentiels que les textes de 2017 auraient causé aux personnes prostituées.
Étude exhaustive
Cette étude évaluerait notamment l'impact de SESTA/FOSTA sur le taux de travailleurs et travailleuses du sexe sans-abri, sur ses conséquences sur leur santé mentale et leur exploitation, et déterminerait si la loi a rendu plus difficiles ou moins sûres les négociations avec leurs client·es.
Pour certaines personnes exerçant cette profession, la sélection en ligne des client·es permet de se renseigner à leur propos à l'avance et de travailler à l'intérieur, plutôt que de devoir les rencontrer au hasard dans la rue, avec les risques que cela peut supposer.
Un site particulièrement visé par la loi était Backpage, une plateforme de petites annonces qui, au fil des ans, avait fini par abriter de nombreuses offres de prostitution, notamment infantile.
Seulement, nombre de prostitué·es avaient à l'époque averti que Backpage était aussi pour elles et eux une ressource précieuse, où s'échangeaient informations sur les client·es violent·es et autres conseils vitaux. Après le vote de SESTA, backpage.com a été saisi par le FBI le 6 avril 2018 et est inaccessible depuis.