En matière de sexe et de technologie, l'imagination est quasi sans limite. Depuis les sextoys connectés pour faire l'amour à distance jusqu'aux robots sexuels humanoïdes en passant par les casques de réalité virtuelle proposant des films pornographiques «immersifs» ou, plus romantique, des appareils permettant d'envoyer des baisers virtuels, les futurs amateurs et futures amatrices n'auront que l'embarras du choix.
Ce n'est pourtant là que le début. Dans les 10 à 20 prochaines années, la «sextech» sera largement répandue, estime Justin Lehmiller, psychologue social et chercheur au Kinsey Institute à l'université de l'Indiana, qui étudie le comportement sexuel.
Dans une interview au Wall Street Journal, ce dernier fait miroiter des concepts pour le moins osés: «Certains médecins travaillent à implanter des électrodes près de la mœlle épinière pour donner un orgasme sur simple pression d'un bouton, décrit le psychologue. Cette technologie pourrait aider les personnes handicapées qui ont du mal à atteindre l'orgasme», plaide-t-il.
Mais il y a plus retors encore: «Nous aurons la possibilité de personnaliser nos partenaires ou les activités sexuelles effectuées. Nous pourrons même choisir un ex ou un conjoint décédé, et le représenter de la façon dont on le souhaite. Dans mes recherches, je vois beaucoup de gens fantasmer sur le fait de devenir une personne différente ou de changer leur corps», illustre Justin Lehmiller. S'ébattre avec la plastique de Katy Perry ou de Jude Law aide certainement à atteindre le firmament.
Tout est permis, trop est permis?
«On pourra également expérimenter des choses en réalité virtuelle que l'on a peur d'essayer dans la vraie vie», poursuit le chercheur, allant même jusqu'à expliquer que cela pourrait «réduire l'infidélité» en permettant aux gens d'interagir avec un partenaire fantasmé «sans briser les liens de la monogamie dans le monde réel». Pas sûr que votre conjoint apprécie.
Justin Lehmiller reconnaît tout de même quelques inconvénients à ce monde merveilleux. «L'un d'eux est la question du consentement. Avez-vous besoin de l'autorisation de quelqu'un pour avoir des relations sexuelles avec elle virtuellement?»
Un autre risque est celui de l'effet d'entraînement. «Si quelqu'un se livre à un acte virtuel qui est illégal dans la vie réelle [un viol, par exemple], cela donnera-t-il envie de le jouer dans le monde réel?»
Reste enfin la question de la protection des données personnelles. Personne n'a envie de voir s'étaler sur Internet ses fantasmes les plus torrides. «Or, quoi que vous fassiez dans le monde virtuel, il y aura toujours une certaine empreinte numérique», met en garde le psychologue.
Après toute cette débauche de technologie, le vrai sexe avec notre conjoint ou notre conjointe ne risque-t-il pas de paraître terriblement ennuyeux? «J'espère que nous utiliserons ces dispositifs comme un complément à notre vie intime plutôt que comme un substitut à celle-ci», veut croire Justin Lehmiller.
«Ce sera un moyen d'ajouter de la nouveauté, mais pas de remplacer l'expérience humaine.» Qui de la poupée robot, de Madame ou de Monsieur sera prioritaire?