La concurrence tourne à la bataille juridique: la messagerie professionnelle Slack veut désormais traîner Microsoft devant les tribunaux européens. Elle accuse l'entreprise fondée par Bill Gates de profiter de sa position dominante pour imposer le service Microsoft Teams et pour neutraliser les offres concurrentes, comme la sienne.
«Microsoft a illégalement associé son produit Teams à sa suite Office, dominante sur le marché, forçant son installation pour des millions [de personnes, ndlr], empêchant sa désinstallation et dissimulant son véritable coût pour les entreprises clientes», a déclaré Slack au Financial Times.
La messagerie professionnelle veut contraindre Windows à vendre Microsoft Teams séparément aux client·es d'Office 365. Le service est actuellement intégré à la suite Office, et son coût est absorbé par celui de l'offre globale.
La meilleure défense, c'est l'attaque
Slack s'est lancé en 2013 et Microsoft Teams en 2016. Le premier s'était alors payé une publicité pour se moquer de son nouveau concurrent, tout en lui souhaitant la bienvenue. Mais ce dernier a rapidement grignoté le marché.
Comme pour d'autres logiciels utilisés dans le cadre du télétravail, le nombre de personnes utilisant Teams a explosé pendant la pandémie de coronavirus, passant de 44 millions en mars à 75 millions en avril (+70%). En mars, Slack en comptabilisait 12,5 millions.
Bien que la croissance annuelle de Slack soit importante, son cours de bourse a diminué en juin: elle n'avait pas atteint les objectifs financiers fixés par ses investisseurs. Cette plainte pourrait aussi être un moyen de redresser la barre.
En 2004, la justice européenne avait déjà condamné Microsoft à une amende de 497 millions d'euros pour abus de position dominante. Il lui était alors reproché d'utiliser son quasi-monopole pour imposer son lecteur Windows Media et d'autres de ses programmes. Le géant du logiciel ferait bien de s'en souvenir.