En cas de mission spatiale, il est plutôt conseillé de bien dormir: manquer de sommeil, c'est risquer de prendre de mauvaises décisions et de manquer de précision dans certains des gestes essentiels à accomplir pour mener à bien les tâches qui vous incombent. Accessoirement, ce n'est pas idéal pour préserver votre intégrité physique ni celle de vos collègues.
Oui, mais voilà: dormir dans l'espace n'est pas chose aisée, explique Discover Magazine. En tout cas, ça se travaille. Sur la Station spatiale internationale (ISS), les astronautes disposent par exemple de couchettes de la taille d'une cabine téléphonique. Et avant de tomber dans les bras de Morphée, il leur faut s'empaqueter dans des sacs de couchage attachés aux parois.
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En l'absence de gravité, il est en effet impossible de se coucher au sens littéral du terme. Dormir sans harnachement, ce serait flotter dans les airs, au risque de rebondir dans tous les sens et de se blesser. Et comment se sent-on lorsqu'on tente de d'endormir sans couchette ni oreiller? «Bizarre», résume l'astronaute américain Scott Kelly dans Travel + Leisure. L'homme, qui a passé 520 jours dans l'espace, confie ne s'être jamais vraiment habitué à cette sensation.
D'ailleurs, Scott Kelly avait un truc: «Il m'arrivait de dormir la tête accrochée à un coussin avec une sorte de velcro, ce qui me donnait la sensation de dormir contre un oreiller.» Un petit bricolage loin de suffire à retranscrire la confort d'une nuit passée sur Terre dans un bon lit. Car dormir dans l'espace est tout simplement une activité dangereuse: le risque d'asphyxie guette, et les cabines doivent bénéficier d'un excellent système de ventilation pour empêcher cela.
Bulle de CO2
Si le danger est grand, c'est parce qu'en l'absence de gravité, le dioxyde de carbone expulsé par l'astronaute qui dort risque de former une bulle autour de sa tête. De quoi entraîner un manque d'oxygénation des cellules du cerveau, qui ne le supporteraient pas. Cinq minutes d'hypoxie (nom donné à une privation d'oxygène du cerveau) suffisent en effet à causer des dommages irréversibles.
Moins grave mais néanmoins gênant est le fait qu'il ne fasse jamais vraiment nuit. Sur l'ISS, il est possible d'assister à une quinzaine de levers de soleil par journée terrestre et, malgré un système de stores et de filtres, l'obscurité est très difficile à atteindre. Quant aux bouchons d'oreille, ils sont indispensables car dans l'espace, si personne ne vous entend crier, le silence est loin de régner en maître.
Les nuits sont de toute façon assez courtes. Sur l'ISS, une nuit moyenne dure six heures et, du côté de la NASA, on astreint les astronautes à des nuits durant entre huit heures et huit heures trente. Suffisant cependant pour faire fonctionner la machine à rêves et à cauchemars, qui tourne à plein régime dans l'espace. Peut-être parce que le cerveau est oxygéné différemment. Ou parce que le fait de dormir loin de sa planète natale peut avoir quelque chose d'angoissant.