Le sein compressé entre deux plaques glaciales qui balancent des radiations: on a connu plus agréable que la mammographie. Et si, à l'avenir, le simple port d'un soutien-gorge se substituait à cet examen tant redouté?
Près d'une femme sur huit sera concernée par le cancer du sein au cours de sa vie. Lorsqu'elle est détectée à un stade précoce, la maladie peut être maîtrisée dans neuf cas sur dix.
Pourtant, une grande partie des femmes ne se prêtent pas à la mammographie de manière régulière, surtout lorsqu'elles ont moins de 50 ans. En cause, la peur des radiations et, surtout, l'absence de dépistage dédié aux moins de 25 ans. Des solutions expérimentales existent pour détecter la probabilité d'un cancer du sein avec plus ou moins de rigueur, mais la start-up mexicaine Eva sort son épingle du jeu grâce à un storytelling bien ficelé.
Un dépistage plus accessible
La mammographie est la méthode de dépistage du cancer du sein la plus fréquente et son rôle dans la réduction de la mortalité n'est plus à prouver. Mais sauf facteurs de risque ou consultation préventive, avant 25 ans, les femmes ne sont pas soumises à cette radiographie du sein. Ce n'est qu'à partir de 50 ans qu'elles doivent religieusement se prêter au dépistage tous les deux ans.
En 2016, lorsque sa mère fait une récidive d'un cancer du sein diagnostiqué tardivement, Julian Rios Cantu, alors âgé de 16 ans, imagine une solution accessible pour détecter les symptômes de la maladie: un soutien-gorge sans radiation capable de procéder à un dépistage.
Pour l'adolescent et son équipe, le processus doit être plus accessible aux jeunes femmes, mais pas seulement. Les femmes disposant de peu de ressources socio-économiques et celles qui évitent les radiations sont également dans le collimateur de l'étudiant mexicain.
Une tumeur qui se développe est souvent entourée d'une zone de chaleur. Épaulés par des algorithmes et de l'intelligence artificielle, les capteurs thermiques placés dans le soutien-gorge Eva seraient capables de détecter des températures anormales liées au cancer du sein.
Une fois les données récoltées par les bonnets du sous-vêtement intelligent, celles-ci sont envoyées à une application qui se targue de fournir une estimation de diagnostic en quelques minutes. En cas de risque détecté, un plan d'action est proposé et l'utilisatrice est mise en relation avec un médecin.
Une efficacité contestée
Le soutien-gorge n'est pas encore commercialisé, et pourtant la start-up se vante déjà d'avoir obtenu de bons résultats à quelques tests. Mais Eva ne perd pas de vue le fait qu'elle ne saurait se substituer au diagnostic d'un·e médecin: «Le soutien-gorge ne remplace pas la mammographie, c'est un outil complémentaire qui professionnalise l'auto-examen des seins», affiche l'entreprise sur son site.
Les start-upeurs n'en sont pas à leur premier coup d'essai: plusieurs prototypes de soutiens-gorge similaires ont tenté le coup, et inquiétaient déjà les professionnel·les de la santé. En l'absence de tests concluants, les scientifiques restent sceptiques quant à l'efficacité de ces méthodes de dépistage.
Pour certain·es, le procédé se révélerait même plus dangereux qu'autre chose, car il conforterait les femmes qui fuient les risques présumés de la mammographie et pourraient prendre ce pseudo-diagnostic pour argent comptant, faisant ainsi l'impasse sur un examen médical plus adéquat.