Le programme Artemis de la NASA, dont l'objectif est de renvoyer l'humain sur la Lune avant, pourquoi pas, de l'amener en balade sur Mars, repose presque entièrement sur le Space Launch System.
Initié en 2011, le SLS est un lanceur dit «super-lourd», une fusée monumentale qui ne pourra s'arracher à la gravité terrestre que grâce à des moteurs massifs, plus puissants que ceux ayant animé l'énorme Saturn V dans les années 60 et 70, et dont Boeing est le principal concepteur.
Ces boosters ont été testés au sol le 16 janvier, au Stennis Space Center dans le Mississippi. Ce fut un échec et un coup dur à la fois pour la NASA et pour son sous-traitant Boeing, dont les programmes spatiaux sont sur la sellette depuis quelque temps et dont les pépins répétés ont culminé en décembre 2019 avec le lancement raté de sa capsule Starliner.
Le test devait durer huit minutes. Une mise à feu de quatre minutes était considérée par les officiels comme un minimum pour bâtir la confiance dans la capacité des moteurs à accomplir leur tâche.
Las, tout s'est brusquement arrêté après soixante-sept secondes. «Nous avons eu une MCF [major component failure, soit une défaillance matérielle majeure] sur le moteur 4», expliquait alors le contrôle au sol.
Mission impossible?
Comme le souligne le Wall Street Journal, l'échec du test des boosters du Space Launch System intervient au pire moment pour le programme Artemis. Celui-ci était au centre de la stratégie spatiale de Donald Trump, mais l'administration Biden pourrait quelque peu changer ces plans.
Sur le départ, l'actuel patron de la NASA, Jim Bridenstine, pourrait être remplacé par Steve Jurczyk, auquel il pourrait être demandé d'accélérer des programmes liés à l'imagerie satellitaire et au changement climatique, au détriment de la reconquête de la Lune visée par le coûteux Artemis.
Le test de samedi était ainsi vu par certains experts comme une manière de recréer de la confiance et de relancer l'ambition autour du programme, notamment auprès d'un Congrès qui sera appelé à voter les prochains budgets de l'agence spatiale.
La crainte principale de Boeing, qui ne cesse de prendre du retard sur ses engins, est que la NASA ne décide de s'associer plus étroitement encore à d'autres firmes privées, telles SpaceX (Elon Musk) ou Blue Origin (Jeff Bezos).
Leurs propres lanceurs progressent à pas de géant, à des coûts souvent moindre que le milliard de dollars estimé pour chaque lancement du SLS –et même leurs échecs sont considérés comme d'éclatants succès.
«J'ai toute confiance en l'équipe pour déterminer ce qui s'est passé», a assuré Jim Bridenstine après un test qui, selon lui, ne doit pas être considéré comme un ratage complet, du fait des grandes quantités de données qu'il a permis de récolter.