«Les équipes de SpaceX font un super boulot! La véritable mesure du succès viendra quand, un jour, les vols de Starship seront une chose commune», a tweeté Elon Musk le 3 mars 2021.
Ce jour n'est pourtant semble-t-il pas venu: pour la troisième fois consécutive, le prototype de fusée géante Starship de la firme spatiale a brutalement fini ses jours par une explosion de mêmes proportions.
Les choses semblaient pourtant aller plutôt bien pour cette SN10. Après une première tentative avortée, l'engin a finalement reçu le feu vert de ses lanceurs, a pris les airs sans encombre visible, a procédé sans accroc à son «belly flop», une manœuvre aérienne indispensable à ses missions futures, puis a réussi ce que son prédécesseur SN9 n'avait pas réussi le 2 février: retrouver la terre ferme en un seul morceau.
C'est ensuite que les choses se sont gâtées, et c'est le moins que l'on puisse dire: quelques instants après cet atterrissage en apparence réussi, SN10 redécollait d'une manière cette-fois non-volontaire, poussée par une dantesque explosion.
Que s'est-il passé? À l'heure où ces lignes sont écrites, SpaceX n'a pas officiellement communiqué sur les raisons de ce sursaut fatal. Selon Eric Berger d'Ars Technica, qui cite des sources bien informées, la coupable serait une valve défectueuse et une probable fuite de méthane.
À moitié vide? À moitié plein?
La question est désormais de savoir si cette troisième tentative en trois mois pour Starship doit être considérée comme un succès ou un échec: la réponse est probablement quelque part entre les deux.
Pour Eric Berger, auteur d'un récent ouvrage sur les premières années mouvementées de SpaceX, la question se pose surtout du côté de la NASA. L'agence doit bientôt choisir un partenaire pour son programme Human Landing System, qui devrait voir l'humain fouler à nouveau du pied la surface lunaire, du moins s'il n'est pas vaporisé par la fusée qui le transporte.
Or, SpaceX n'est pas la seule firme à vouloir mettre la main sur cette importante manne financière, sur laquelle elle compte pour faire du développement futur de Starship une aventure viable et durable.
Mais, explique Berger, l'agence connaît à l'évidence plutôt bien son domaine. Elle sait donc que la firme d'Elon Musk, depuis la Falcon 1 des débuts, use d'une méthode différente de la sienne, plus aventureuse sans doute mais peut-être pas moins efficace: fabriquer et lancer le plus de fusées possible et raffiner la formule, jusqu'à ce que les choses fonctionnent sans aucun cahot.
Comme Musk et ses troupes, elle pourrait donc considérer que, malgré cette fin explosive pour SN10, les choses vont dans la bonne direction pour Starship. Les problèmes liés aux moteurs Raptor de SN9 ont semble-t-il été maîtrisés, la fusée a réussi son atterrissage, et la quantité de données une nouvelle fois amassée par les ingénieur·es de SpaceX permettra sans doute de faire mieux la prochaine fois.