Le second week-end d'octobre 2019 aura marqué le monde du marathon. En deux jours, les athlètes Eliud Kipchoge et Brigid Kosgei, originaires du Kenya, ont respectivement couru le premier marathon sous la barre des deux heures et pulvérisé le record du monde féminin.
Kosgei comme Kipchoge portaient aux pieds des prototypes de chaussures Nike Vaporfly Next% qui, selon Reuters, comprenaient trois plaques de carbone nichées dans chaque semelle.
Depuis leur sortie en 2016, les Vaporfly dominent le monde du running. Composées d'un tissu très léger et d'une épaisse semelle en mousse renfermant une unique pièce de carbone dans leur version commerciale, elles sont supposées renvoyer plus d'énergie à l'athlète, donc booster son chrono.
Seulement, le modèle ne met pas tout le monde d'accord. Pour certain·es critiques, une technologie qui promet «une amélioration des performances de 4%» équivaut à une forme de dopage technologique.
Il a même un temps été question de l'interdire durant les Jeux olympiques de Tokyo cet été. Finalement, le régulateur World Athletics a décidé d'autoriser les Vaporfly, mais les prototypes comme ceux portés par Kipchoge et Kosgei seront bannis. Des règles plus strictes devraient en outre être mises en place après les JO.
Concurrence déloyale
Dans son communiqué, World Athletics indique qu'«il est possible que l'intégrité du sport soit menacée par les récents développements en matière de technologie de chaussures».
Cela n'empêchera pas les fournisseurs d'équipements sportifs d'essayer, encore et encore, d'innover en se glissant dans les trous réglementaires. Le temps que les règles s'adaptent, des performances sont réalisées et il est difficile de revenir dessus.
Il existe un précédent avec la LZR Racer, une combinaison de natation Speedo qui avait permis de battre quantité de records du monde avant d'être bannie. Beaucoup de ces records tiennent toujours.
Les compétitions sportives sont également des vitrines commerciales, et nombre de sportifs et sportives de haut niveau sont signées chez des sponsors. Or les concurrents de Nike ont beaucoup de mal à rattraper leur retard technologique, ce qui créé une injustice entre athlètes. Des sportifs ont même été surpris avec des Vaporfly peintes aux pieds, afin de profiter de la technologie de Nike sans se faire surprendre par leurs sponsors.
Dans tous les cas, Nike sort largement gagnante de cette histoire. Interdites ou non, ses chaussures profitent d'un gigantesque coup de com', et la poursuite de leur succès auprès du public non compétiteur semble garantie.