Uniquement disponible sur iOS pour l’instant, Squad vient de se lancer aux Etats-Unis et n’est pas encore disponible en France. Techcrunch n’hésite pourtant pas à faire de l’application un potentiel nouveau chouchou des ados, donc un possible carton mondial. Étant donné le génie du concept derrière la chose, nous sommes tout à fait prêts à les suivre dans leur engouement prématuré. Facebook et Snapchat, dont beaucoup de salariées et salariés semblent s’être connectés à la plateforme pour étudier de près ce qui s’y invente, semblent être du même avis.
L’idée n’est pas tout à fait neuve. Il s’agit ni plus ni moins du partage d’écran à distance, avec la possibilité de discuter de ce que l’on y voit –une chose bien connue dans le monde très adulte des entreprises, notamment grâce à des outils comme Slack ou Zoom.
Univers numérique intime
L’appliquer au monde des ados, qu’elle vise clairement, est en revanche ce qui pourrait faire de Squad un «Eurêka!» de platine. L’app permet ainsi à ses utilisateurs et utilisatrices de ne plus glander seules en scrollant machinalement sur son fil Facebook, mais de glander en scrollant machinalement sur leurs fils Facebook à plusieurs, en se montrant les uns les autres ce qui se passe sur son iPhone et en en discutant.
Permettre de partager à la coule, sans pression et entre potes son ennui, ses likes, son shopping sur Amazon, ses visionnages de vidéos YouTube, ses moqueries sur les TikToks des copains et copines ou son avancement sur Fortnite, faire une activité sociale de tout ce qui constitue l’univers numérique intime des jeunes gens semble donc être une idée tout à fait lumineuse, une parfaite extension de ce qui existe déjà, mais de manière unilatérale, avec Twitch ou Discord. C'est, écrit la co-fondatrice de Squad Esther Crawford dans un long post Medium, une manière de s’occuper de «l’épidémie mondiale de solitude» et de rendre plus réelle la composante sociale des réseaux sociaux.
«C’est venu de plusieurs choses, de problèmes dont nous souffrions en tant qu’équipe, explique Crawford à Techcrunch. Mes développeurs passaient leur temps à s’envoyer des captures et des enregistrements vidéo de leurs écrans. Il semblait stupide qu’il ne soit pas possible de simplement partager à distance ce qui se passe sur nos écrans de smartphones. Puis ma fille de 13 ans, un été, m’a demandé plusieurs fois: “Pourquoi je ne peux pas montrer à mes camarades ce qu’il y a sur mon écran?” J’ai répondu que ce n’était techniquement pas possible.»
Inquiétudes éthiques
Elle se trompait alors, mais pas de beaucoup: Apple planchait au même sur ReplayKit, sa fonction d’enregistrement vidéo de l’écran lancée avec iOS 11. Les verrous techniques étaient en train de sauter, Squad pouvait alors naître et prendre sa forme actuelle. Jusqu’à six personnes peuvent y sauter d’un chat vidéo à la diffusion en direct du contenu de l’écran de l’un ou l’autre des smartphones connectés.
Le tout est pour l’instant fermé, mais la start-up travaille à un partage des sessions, via de simples URL, sur les réseaux sociaux: c’est sans doute alors que les réelles implications financières de la plateforme, pour ces jeunes gens comme pour les entreprises ou les célébrités qui animent leur quotidien, révéleront leur plein potentiel.
Techcrunch pose néanmoins la question –importante– de possibles violations des règles ou de l’éthique en matière de vie privée. Le problème existe de la même manière dans la vie réelle, est-il expliqué. L’enregistrement des flux vidéo est impossible et Squad songe à prévenir, comme sur Snapchat, d'éventuelles captures d’écran. En bien ou en mal, la suite reste à imaginer.