Il y a deux ans, le magazine Bloomberg faisait une révélation fracassante: les services secrets chinois espionnent les États-Unis depuis des années en insérant dans des cartes mères de l'entreprise Super Micro Computer des puces de la taille d'un grain de riz.
Grâce à ce stratagème, la Chine aurait ainsi pu récolter des informations sensibles au sein des plus grandes entreprises des États-Unis, dont Apple et Amazon, ainsi que chez des particuliers et dans toute l'administration du pays. Selon les journalistes, le FBI aurait découvert les faits en 2015.
Problème: aucune des parties ne les avait alors reconnus. Évidemment, la Chine les a niés, de même que Super Micro. Apple et Amazon ont affirmé n'avoir jamais trouvé de mouchards dans leurs appareils, et même les services de renseignement des États-Unis et du Royaume-Uni ont à l'époque démenti les informations relatées dans le magazine.
Bloomberg, malgré cette avalanche de dénégations, avait toutefois refusé de se rétracter et avait au contraire publié un article supplémentaire sur le sujet.
L'affaire s'était depuis tassée, mis à part un bref ressurgissement avec la publication par Wired d'un article expliquant que l'espionnage décrit par Bloomberg était techniquement possible. Mais le magazine américain vient de persister et signer.
Cinquante sources
Bloomberg affirme désormais être parvenu à réunir pas moins de cinquante sources concordantes au sein d'agences de renseignement, de l'armée, du secteur privé, du Congrès et de la police. Il présente cette fois, contrairement à la précédente, des sources ayant accepté de témoigner à visage découvert.
Les auteurs affirment aussi que leurs investigations supplémentaires ont révélé que des centaines d'ordinateurs Lenovo utilisés par l'armée américaine lors du conflit irakien avaient été compromis de la même manière.
D'après les journalistes, la raison pour laquelle rien n'a été rendu public est que le contre-espionnage américain a tenté non pas d'exposer Pékin, mais d'utiliser ces puces afin d'étudier en profondeur les capacités du renseignement chinois.
Cela dit, la grande majorité des «cinquante sources» dont Bloomberg se targue de disposer sont toujours anonymes, et celles qui ne le sont pas délivrent souvent des informations de seconde main.
Les critiques commencent déjà à estimer que Bloomberg ne fait que réitérer les mêmes supposées erreurs qu'il y a deux ans, entre malentendus, sources peu fiables et manque de preuves tangibles. Sans éléments plus probants, cette affaire ne risque donc pas d'être clarifiée de sitôt.