Avec un confinement généralisé dans le monde entier, des millions de personnes ont découvert le télétravail. La situation a été globalement appréciée par les salarié·es, mais avec la distance, beaucoup ont rapidement compris que la pression patronale ne s'envolait pas pour autant.
Pendant cette trouble période, l'utilisation de logiciels de surveillance a beaucoup augmenté. Compte du nombre de clics, décompte du nombre de mails envoyés, photographie prise toute les cinq minutes par la webcam... Tous les moyens sont bons pour s'assurer de l'assiduité au travail de ses employé·es.
En France, ce type de pratique est, en théorie, strictement encadré. Mais aux États-Unis, le patronat peut avoir les coudées franches. Sneek, l'entreprise qui édite un logiciel capable de prendre des photos à intervalles réguliers, a d'ailleurs assuré avoir multiplié son activité par dix.
Qu'à cela ne tienne, les salarié·es s'organisent: sur internet, les moyens pour contourner ces pratiques intrusives se multiplient.
Machines virtuelles et ventilateurs
Cela peut aller du (très) low-tech, comme attacher sa souris à un ventilateur qui balaye la pièce pour la maintenir en mouvement, à des stratagèmes plus sophistiqués. Par exemple, afin de court-circuiter un logiciel de surveillance installé sur son PC, il est possible de télécharger une «machine virtuelle».
Ce type de programme permet d'émuler une seconde machine, et ainsi de travailler sur sa machine virtuelle placée sous surveillance sur une fenêtre, et d'utiliser ses autres applications sur une autre fenêtre.
Sans aller jusque-là, de nombreux logiciels peuvent permettre de berner son boss. Presence Scheduler, par exemple, garde le statut Slack actif à tout moment. Ses ventes ont doublé lors du confinement, à tel point que Slack a dû modifier son code pour le stopper. D'autres logiciels peuvent simuler de faux mouvements de souris.
Mais ce sont aussi les comportements qui ont changé. Lors du télétravail généralisé, les employé·es ont pris conscience que les messageries internes risquaient d'être davantage surveillées, et se sont adapté·es en conséquence.
Des télétravailleurs et travailleuses expliquent à Wired que ces techniques ne servent pas nécessairement à prendre du bon temps, mais à échapper à une surveillance particulièrement malvenue lorsqu'elle sévit à leur propre domicile –surtout alors que les écoles sont fermées et que beaucoup ont à gérer en même temps des enfants, ou des proches âgé·es ou malades.