Les visées de la Chine continentale sur Taïwan, qu'elle considère comme faisant intégralement partie de la nation, sont connues. Les préparatifs militaires de l'empire du Milieu pour replacer en son giron et par la force l'île rebelle ne sont également pas un mystère.
Il n'est donc pas étonnant que les autorités taïwanaises échafaudent mille scénarios pour se préparer à l'éventualité de moins en moins hypothétique d'une invasion par le grand frère mais néanmoins ennemi.
Ministre taïwanais de la défense, Chiu Kuo-cheng expliquait il y a quelques mois à qui voulait l'écouter et l'entendre que la Chine aurait tous les moyens nécessaires à une invasion d'ici 2025.
Comme le relate le South China Morning Post, il a cette semaine présenté un rapport sur une tactique surprenante, littéralement surprenante, que pourrait utiliser Pékin pour arriver à ses fins: masquer son invasion derrière le mur de fumée de manœuvres et d'exercices de grande ampleur.
Ces war games, impliquant conjointement l'ensemble des forces terrestres, maritimes, aériennes ou électroniques de l'Armée Populaire de Libération, sont une chose que le pays pratique régulièrement dans une région qu'elle entend impressionner et dominer.
L'un de ces exercices prétendus pourrait faire monter la pression sur Taïwan, avant de passer à une attaque pure et simple, trop rapide pour que d'éventuels alliés puissent voler au secours de la république insulaire.
«La Chine enverrait différents types de navires de combat dans le Pacifique Ouest pour repousser toute force étrangère venant au secours de Taïwan, et imposer un encerclement décourageant quiconque de le faire», écrit ainsi le rapport, dans un clin d'œil appuyé aux États-Unis.
Sidération
Une fois cette précaution prise, l'Armée Populaire de Libération pourrait «tranquillement» procéder à son offensive multi-modale, celle-là même sur laquelle elle planche depuis de nombreuses années. Des missiles pourraient être lancés sur des installations-clés de l'île, et une guerre électronique entamée pour aveugler ses défenses et faciliter l'établissement d'une supériorité aérienne et navale.
Pékin pourrait alors envoyer ses troupes, par voie aéroportée ou grâce à des transports amphibie, pour s'emparer de l'île. Le tout, précise le rapport, serait fait avec une vitesse telle que le reste du monde, sidéré et mystifié, serait mis devant le fait accompli et n'aurait pas le temps de penser à une intervention armée.
Le rapport précise que l'Armée Populaire de Libération dispose de points encore faibles dans ce scénario, notamment sa capacité encore limitée à projeter massivement ses troupes, qui lui imposerait en l'état actuel des choses de faire appel à des navires conventionnels, donc à des installations portuaires du même type.
L'insularité de Taïwan, ainsi que la proximité de bases américaines ou japonaises, pourraient aussi quelque peu compliquer de telles opérations chinoises. Qui restent bien sûr largement hypothétiques –mais peut-être suffisamment crédibles pour exiger des élus du pays qu'ils augmentent considérablement les crédits de sa défense.