Dix ans après avoir été attaquée de neuf coups de couteau par un homme qui s'était infiltré dans son immeuble, la Moscovite Ekaterina Romanovskaya a décidé, via la création d'une start-up en 2016, de lancer Nimb. Se présentant comme une simple bague, cet objet est en réalité un «bouton de panique» permettant d'alerter les proches et les services de police.
Depuis plusieurs années, la technologie s'est emparée du problème des agressions sexuelles et les projets se multiplient. Un ingénieur indien, Shyam Chaurasia, a ainsi créé un faux rouge à lèvres qui, une fois activé, permet lui aussi d'alerter les forces de l'ordre. C'est en Inde également qu'ont été mis au point des sous-vêtements capables d'envoyer de fortes décharges électriques en cas d'intrusions forcées.
Mais reléguer à la seule technologie la question des violences sexuelles ne va pas sans susciter de légitimes critiques. En 2010, le projet d'un «préservatif anti-viol», développé par la Sud-Africaine Sonnet Ehlers, qui, s'il n'empêche pas la pénétration, emprisonne le sexe masculin et ne peut-être retiré que par un professionnel de santé, a créé la polémique.
La journaliste Charlene Smith a ainsi accusé l'objet d'être «vengeur, horrible et dégoûtant». Au lancement de Nimb, Ekaterina Romanovskaya a essuyé des critiques similaires, émanant notamment de femmes qui l'accusaient d'apprendre aux hommes «comment violer».
Projets fantaisistes, problème réel
D'autres appareils, également critiqués, s'apparentent eux à de véritables gadgets et n'ont pas manqué de provoquer l'hilarité. On citera la robe inventée par la styliste japonaise Aya Tsukioka qui, lorsqu'on la retourne, permet à celle qui la porte de se camoufler en… distributeur automatique de boissons.
Dans la même idée, on a vu également le développement de collants «poilus» –qui laissent entendre qu'une paire de gambettes non épilées suffiraient à refroidir n'importe quel agresseur. Ces gadgets et appareils travaillent sur les moyens de défense à mettre en place pour répondre aux agressions et non sur l'éradication de ces dernières.
Un point de vue qui n'a pas attendu la technologie pour faire débat, par exemple avec la position de Virginie Despentes qui, dans King Kong Théorie, dénonçait «l'entreprise politique ancestrale, implacable [qui] apprend aux femmes à ne pas se défendre ni se venger».
De son côté, la journaliste américaine Jillian Keenan craint que, dans un monde où les victimes de viol doivent souvent répondre à des questions sur la tenue qu'elles portaient au moment des faits, on finisse par leur demander où se trouvaient leur bouton de panique et leurs sous-vêtements électriques.
Pour autant, elle ne condamne pas les solutions apportées par la technologie, estimant qu'elles permettent paradoxalement de mettre en avant une problématique qui manque encore parfois crûment de prise de conscience.