Fisker est certes moins connu que Tesla, mais la start-up qui produit des voitures hydrides rechargeables très haut de gamme vise clairement à reproduire le succès de son modèle.
L'entreprise a été créée en 2016 par Henrik Fisker, connu pour avoir dessiné plusieurs voitures de luxe dont des Aston Martin, la BMW Z8, ou la fameuse Fisker Karma, une berline de luxe sortie en 2008 que plusieurs stars américaines comme Leonardo DiCaprio, Justin Bieber ou l'ancien vice-président Al Gore se sont arrachée.
Un buzz qui s'était avéré sans lendemain puisque le constructeur avait alors fait faillite, avant que Henrik Fisker ne relance sa nouvelle start-up, toujours avec l'idée de produire une voiture de sport écolo.
Son historique n'a pas refroidi les investisseurs, qui ont valorisé l'entreprise à 2,9 millards de dollars en mai 2020 (2,43 milliards d'euros), lors de l'introduction en bourse via une fusion avec une SPAC.
Sauf que n'est pas Elon Musk qui veut. Alors pour attirer l'attention et faire le buzz, Henrik Fisker n'hésite pas à lancer des rumeurs plus ou moins plausibles.
Le 21 mai dernier, le dirigeant s'est vanté dans un communiqué de presse d'avoir eu une «audience privée» avec le pape François et que ce dernier se serait engagé à acquérir une «papamobile» électrique, «inspiré par le fait que le pape François est très attentif à l'environnement et à l'impact du changement climatique pour les générations futures», explique Henrik Fisker dans le communiqué.
Oui mais voilà
Le problème est que cette histoire n'a absolument pas été confirmée par le Vatican, relate The Verge. La seule interaction visible de cet échange est une brève conversation entre le pape et la cofondatrice et épouse de Henrik Fisker, Geeta Gupta-Fisker, où celle-ci demande au pape de bénir la start-up avant que celui-ci ne signe un autographe sur un croquis.
Selon le site, cette vraie-fausse anecdote illustre les fanfaronnades de Fisker, souvent entachées de promesses non tenues et de méthodes douteuses. Peu après la fondation de la start-up en 2016, le site The Truth About Cars avait mis au jour des commentaires élogieux sur la voiture émanant de faux comptes, certains ayant un lien avec Geeta Gupta-Fisker elle-même.
Une autre controverse provient de l'ancien vice-président du marketing qui explique que Henrik Fisker et Geeta Gupta-Fisker lui ont demandé de «remplir les bureaux» de stagiaires non rémunérés pour «rendre l'entreprise plus attractive aux investisseurs potentiels».
Fisker a également multiplié les revirements de stratégie. Il a d'abord misé sur le tout-électrique avant de basculer sur des véhicules hybrides. En 2019, il affirmait vouloir équiper ses voitures de nouvelles batteries solides «ultra-innovantes», dotées «d'une autonomie de 800 km et des prix inférieurs à 40.000 dollars», avant d'abandonner l'idée en février dernier pour se rabattre sur des batteries lithium-ion classiques.
Lors de sa fusion avec la SPAC, le constructeur mettait en avant un partenariat avec Volkswagen, pour finalement se tourner vers l'équipementier Magna.
«Les promesses mirobolantes non suivies d'effets deviennent une vraie tendance chez les fabricants de voitures électriques, ironise The Verge. Il suffit de regarder Lordstown Motors [qui a annoncé en juin dernier être à court d'argent] ou Nikola [accusé d'une vaste fraude en 2020].»