Un tweet, une photo, et la libido des amateurs et amatrices d'érotisme technologique s'enflamme dans un bruissement de petits rires gênés: c'est ce qui s'est passé ces derniers jours après la diffusion par le compte Stem (plus de 154.000 followers, et beaucoup de coquins) d'un cliché aux rondeurs très suggestives.
The Hybrid Air Vehicles Airlander 10, originally developed as the HAV 304, is a hybrid airship designed and built by British manufacturer Hybrid Air Vehicles. pic.twitter.com/aiqiZT2C5E
— STEM 🔬🤖⚙️🧮 (@stem_feed) August 30, 2021
«L'Hybrid Air Vehicles Airlander 10, à l'origine développé en tant que HAV 304, est un dirigeable conçu et construit par la firme britannique Hybrid Air Vehicles», explique le tweet. Qui s'illustre par ce qui, il est vrai, ressemble très fortement à une énorme, colossale, gigantesque paire de fesses: un cul géant, c'est parfait pour attirer une nouvelle fois l'attention sur cet appareil hors norme.
Car l'Airlander 10 n'est pas un projet lambda, comme le prouvent ces formes généreuses. Avec une longueur de 98 mètres, celle d'un terrain de football moyen donc, une largeur de 43,5 mètres, une hauteur de 26 mètres et une charge utile de 10 tonnes, il est actuellement (et selon certains critères) le plus gros objet volant au monde.
Comme le rappelle CNN, ainsi que le tweet qui a mis le feu aux esprits, voire aux sous-vêtements des plus sensibles à ce porn technologique, ce dirigeable d'un nouveau genre a été initialement conçu par HAV en 2010, à la demande de l'armée américaine, qui imaginait l'utiliser pour transporter des troupes ou s'en servir comme outil de reconnaissance, notamment en Afghanistan.
Le Pentagone a, depuis, laissé tomber le projet. Pas Hybrid Air Vehicles cependant, qui malgré quelques déboires a continué à croire en la possibilité d'une renaissance commerciale des dirigeables, des engins présentant de nombreuses qualités: ils sont lents mais économes à opérer, très endurants dans les airs, plus écologiques que les avions de ligne, capables de transporter de lourdes charges et de relier des lieux ne disposant pas de véritables aéroports.
Pôle dance
Un homme notamment a gardé un œil sur le projet: Carl-Oscar Lawaczeck, pilote commercial suédois devenu entrepreneur. Son idée? Inspirée de l'exploit du Norge en 1926, elle est vieille de près d'un siècle: utiliser l'Airlander 10 pour organiser des croisières de luxe pour une clientèle fortunée vers les territoires arctiques et le pôle Nord, une terre d'aventure par excellence.
La céleste lenteur de l'Airlander 10, sa capacité à flotter et circuler trois jours sans avoir à revenir au sol en font un appareil parfait pour ce nouveau business des croisières aériennes –le nom de la start-up de Lawaczeck, OceanSky Cruises, ne laisse d'ailleurs rien au hasard.
«Les dirigeables peuvent transporter des charges comparables à celles de certains avions, mais n'utilisent qu'une toute petite fraction de leur énergie», explique Carl-Oscar Lawaczeck à CNN.
Qui ajoute que la lenteur de l'engin est sa plus grande chance: c'est elle qui permettra aux seize passagers, logés dans de luxueuses double-cabines et accompagnés par un équipage de sept personnes, de contempler dans la félicité l'existence et les habitudes de la faune arctique.
«Nous pouvons descendre à 300 pieds, voire 100 pieds s'il le faut, et voler à la vitesse d'un vélo afin d'offrir à nos passagers une bonne vision de ces habitats polaires», ajoute le pilote-entrepreneur. Ce grand luxe et la chance de voir quelques ours blancs avant qu'ils ne s'effacent tout à fait ont bien évidemment un coût, salé: le prix du billet a été fixé à 232.845 dollars, soit près de 200.000 euros.
Le premier Airlander 10 sera hybride et utilisera du biocarburant, mais Carl-Oscar Lawaczeck envisage avec Hybrid Air Vehicles une version totalement électrique. Surtout, son aventure touristique pourrait n'être que le point de départ d'un projet beaucoup plus large: OceanSky Cruises espère opérer une flotte de 100 de ces gros machins d'ici dix ans, et pouvoir viser des marchés éloignés du simple tourisme de luxe.
Dans un contexte de transition énergétique et d'impérative sobriété, les dirigeables géants et leurs popotins rondelets ont suffisamment d'atouts pour devenir de solides nouveaux acteurs du secteur du transport.